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rores ; ramâravanâu, Râma et Ravana, etc. Ce n’était donc qu’une sorte de pluriel limité.

Cette forme — au, que nous voyons ici, est celle du nominatif et de l’accusatif du duel ; elle est contractée pour âs (cft. Schleicher, comp. p. 537) et cet âs est lui-même un débris du pluriel SAS ; à côté de la forme — âu, on trouve également une forme — â = as.

Le génitif et le locatif du duel ont conservé en sanskrit l’s, signe de pluralité, dans les thèmes inaltérés (vâćos), et dans les thèmes en n(açman-ôs), en —ant (bharat-ôs), etc., tandis que dans d’autres thèmes, os (= ô un primitif aus) s’est contracté en o (manasô). C’est ce qui a eu lieu partout dans le zend, où on trouve à côté des o, une forme — âo = aus.

Le datif, l’ablatif et l’instrumental duels, sont semblables organiquement au datif et à l’ablatif pluriel BHYams ; mais partout cet s est tombé, et il n’est resté que BHYam en sansk., BYA, en zend, etc.

Si nous nous sommes étendu autant sur le duel, c’est pour bien établir, dès à présent, que ce n’est qu’un pluriel restreint, — sans préjudice de ce que nous aurons à en dire plus tard dans l’étude particulière que nous devons faire de chacun des cas.

Cette sorte de double emploi du duel avec le pluriel fit que le latin, trop pratique pour garder ce luxe de nuances grammaticales, l’a seulement conservé dans deux formes où l’on comprend logiquement son existence : duo (ombro — samnite : dus), et ambo.

Le pâli a agi absolument de la même manière que le latin, et il a seulement conservé deux duels : ubhaû = ambo, et dwaû = duo.

Seul, parmi les langues germaniques, le gothique a conservé le duel, et encore dans les verbes seulement.