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et quick, rappelle l’indien jî'v ; en iranien (p. ziv. pers. ziendeh), et en slave (russe, z’ivu), la gutturale initiale est altérée en palatale, tandis que le latin a rejeté les deux gutturales en viv (vivere, vita) et a conservé la dernière en vig, vigêre et dans le supin de vivere : victum. La forme aryaque dvi s’est altérée dans viginti, et la préposition dvi, déjà changée en sanscrit vi, s’est perpétuée en latin dans les trois formes di, dis et de, à côté de ve.

Une classe considérable de mots a changé le v aryaque en m latin. Cette altération donne aux mots latins une physionomie qui les rend assez dissemblables aux prototypes ; mais il n’y a pas de raison pour s’étonner d’un pareil changement qui a sa source dans la proximité très grande des deux labiales semi-voyelle et nasale. Physiologiquement le v, que nous le prononcions en rendant fricatif le b, ou que nous rendions semi-consonne le u, se rapproche tellement du m, que, dans toutes les branches d’idiomes, nous retrouvons cette étroite liaison. Non-seulement en sanscrit le m et le v jouent un rôle presque identique dans plusieurs affixes, non seulement dans les langues sémitiques apparaît cette parenté, mais nous voyons, en Asie, des langues qui n’ont pour l’expression des deux articulations qu’une seule série de signes ; telles sont toutes les écritures anariennes cunéiformes. Plus tard nous remarquons que les Grecs rendent les éléments des noms propres baga dieu, bard élevé par Μεγα et Μερδ, et l’antique Mabug ou Mambug (Hiérapolis de Syrie), jusqu’à nos jours Membég, est appelée Bambyce par les anciens. Il n’y a donc rien qui puisse nous surprendre, pas même la multiplicité des formes latines qui en résulte. Toutes les langues européennes, antiques et modernes, nous présentent une quantité de racines en apparence très dissemblables, qui ne résultent que des mêmes