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trouver une source de richesse, parce que, d’un côté, l’exportation leur en est interdite, et que, d’un autre côté, le décroissement graduel de la population diminue chaque jour la consommation intérieure.

L’industrie en Corée est encore moins bien partagée que l’agriculture. Point de ces riches tissus, de ces belles porcelaines, de ces brillants vernis que nous admirons chez les Chinois et les Japonais ; point de ces ouvrages de marqueterie et d’orfèvrerie dans lesquels les Chinois rivalisent avec les Européens. L’industrie coréenne se borne à la fabrication de grossiers tissus de coton, de lin ou de soie pour l’usage du pays. Il y a cependant des articles dans la fabrication desquels les Coréens ont la réputation, à mon avis, peu méritée, de surpasser leurs voisins ; ce sont le papier et les nattes.

Le papier est épais, souple et soyeux ; sa consistance, ou, pour mieux dire, l’adhésion des fibres végétales dont il est formé est telle, qu’on l’emploie, non-seulement à garnir des châssis de porte, mais même à faire des habits ! Il se prête assez bien à l’écriture au pinceau et à l’encre de Chine en usage dans le pays ; mais il n’offre pas une surface assez lisse pour qu’on écrive facilement avec une plume et de l’encre européennes. Aussi croirai-je toujours le papier chinois supérieur au papier étoffe des Coréens.

Quant aux nattes, elles sont en effet fort jolies, mais elles ne valent pas celles qu’on fait à Poulo-Pinang, et d’ailleurs elles ne forment pas un article assez important pour que nous nous arrêtions à en parler.

Ainsi réduite à ses ressources industrielles, la Corée n’aurait presque rien à fournir au commerce extérieur ; fort heureusement la nature est venue à son secours par la production spontanée de plusieurs articles fort recherchés à l’étranger, savoir : le ginseng, les jeunes cornes de cerf et les peaux de plusieurs espèces remarquables de mammifères.

Le fameux ginseng n’est autre chose, comme on sait, que la racine d’une plante appartenant à la famille naturelle des araliacées, et appelée par les botanistes panax ginseng. Les Chinois attribuent à cette racine des vertus médicinales extrêmement puissantes qui la font employer dans presque toutes les maladies. Que les poumons soient à moitié consumés par la phtisie, disent les médecins chinois, que la chaleur naturelle soit presque éteinte par la vieillesse, que les viscères aient été profondément lésés par l’action délétère de quelque poison, administrez du ginseng, et le malade sera bientôt rendu à la vie et à la santé. Ce prétendu antidote des souffrances humaines est fortement recherché dans tous les pays où ces théories médicales ont cours, et s’y vend au poids de l’or. Depuis qu’une espèce de panax, très-voisine du panax ginseng, a été découverte dans l’Amérique du Nord, la pharmacie chinoise reçoit de ce pays les deux tiers de ce qu’elle en consomme. Cependant, comme la racine américaine est très-inférieure en qualité, le vrai ginseng de Corée n’a pas baissé de prix, et forme toujours la branche la plus lucrative du commerce coréen avec la Chine.

La plante qui fournit ce précieux remède croît spontanément sur les montagnes découvertes de la Corée septentrionale : sa racine est de l’espèce de celles que les botanistes appellent pivotantes, et présente à sa base, ainsi