le désastre de Sedan. Nous voici engagés de telle façon que, d’ici à dix ans, il éclatera une nouvelle guerre dans laquelle l’Europe entière sera contre nous ; cette guerre aura pour issue de faire disparaître de l’Europe la Prusse, dont l’empire sera partagé entre les vainqueurs. »
À 2 h. 1/2, j’ai vu le Roi de Prusse, en voiture à quatre chevaux, conduite en daumont, passant par la rue Saint-Pierre, venant de l’avenue de Saint-Cloud, casque en tête, et accompagné d’une nombreuse suite.
Il allait passer une revue à Longchamp ; les Versaillais étaient tous humiliés et anxieux des événements.
Le prince Karl de Prusse, frère du Roi, est le coq de la famille, malgré ses soixante-douze ans.
On dit de lui en Prusse :
« L’homme le mieux élevé, le panier le plus percé, le père de tous les bâtards de Prusse. »
Sur la grille de la maison où loge le prince Adalbert, il est un écriteau portant : « Ici, demeure l’amiral suisse. » Son aide de camp est un hussard ; aussi l’a-t-on surnommé : « Le plongeur à cheval ».
Quand il quitta la petite maison Salleron qu’il occupait, on retira de ses appartements plus d’un tombereau d’immondices.
Le prince avait l’air d’un excellent bonhomme ; il était complètement dominé par son aide de camp et son valet de chambre.
Les Versaillais désignés sous le nom de : « Royal Fileurs » commencent à réintégrer leurs domiciles.
« Notre Fritz » (le Prince Royal) est parti, ainsi que le préfet prussien : de Brauchitsch (dit : Bonchique).