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CE QUI TUE LES RÉPUBLIQUES.

ment : Déposition Émile Péreyre (administrateur du chemin de fer du Nord) :

Un grand nombre d’ouvriers n’étaient nullement disposés à des actes d’insurrection, mais ceux-là étaient enlevés de leur domicile, on les forçait à marcher.

Déposition Caré (propriétaire d’un grand atelier de mécaniciens) :

La plupart de ses ouvriers avaient été enrôlés dans une société de secours mutuels. (Chose particulière, cette société était armée).

La plupart des ouvriers sont, à la connaissance du témoin, heureux de l’issue des événements, parce qu’ils espèrent échapper à l’oppression des meneurs. — Ce sont eux et les paresseux qui ont tout monté. Une partie des ateliers du témoin a pris part à la manifestation du 15 mai. Ils se plaignaient qu’on les eût trompés sur le sens de la manifestation. Il est convaincu que le plus grand nombre s’est battu sans savoir pourquoi.

Déposition Flocon (représentant) :

Le 15 mai a été une surprise du peuple par une poignée de misérables.

Déposition Panisse :

J’ai pénétré dans les groupes ; les ouvriers croient qu’on veut leur enlever la République : tous les mécontents, les repris de justice, les gens sans aveu, grossissent l’insurrection.

Déposition Chenu :

Il fut décidé chez… qu’on répandrait cette croyance que les bourgeois se battaient pour la régence, qu’un impôt extraordinaire serait levé pour les ouvriers contre les capitalistes.

Ainsi le mensonge d’abord, les promesses enivrantes ensuite, la violence enfin, tels furent les moyens employés pour entraîner aux barricades les malheureuses victimes dont le sang était nécessaire au parti désespéré.

Soit coïncidence, soit calcul, la moitié des forçats libérés et des repris de justice, plus de dix mille, s’était trouvée à ce rendez-vous : sinistres pilleurs d’épaves qui accourent à tous les naufrages de la société ; garde avancée de cette conspiration qui recrutait surtout dans les bas-fonds du vice et du crime.

Ce jour-là peuple et gouvernement furent victimes : il n’y