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LA JEUNESSE
DE
WALDECK-ROUSSEAU

On est au lendemain du Deux-Décembre… M. Waldeck-Rousseau, avocat célèbre de Nantes, est du parti des vaincus. Il est fils d’un volontaire de 92, qui avait gagné ses épaulettes d’officier républicain en se battant contre les Vendéens et les Chouans, et qui les avait perdues — après des mois de prison à Sainte-Pélagie — en complotant contre le Premier Consul. Il s’est jeté à vingt ans dans la mêlée politique. L’opposition sous Louis-Philippe l’a compté parmi ses membres les plus ardents. À la Révolution de Février, le département de la Loire-Inférieure l’a nommé représentant du peuple. Il a acquis à la Constituante une grande autorité par son éloquence et son savoir, par son travail et sa connaissance des questions sociales, autant que par son admirable courage pendant les journées de Juin : on l’a vu sur les barricades, sans arme, haranguer au péril de sa vie soldats et insurgés, s’efforcer de les rappeler à l’humanité, à la fraternité. Découragé, attristé, il a refusé, malgré les adjurations des Grévy, des Marie, des Dufaure, d’être candidat à l’Assemblée législative de 1849. Il a repris sa place au barreau de Nantes. Ses concitoyens l’ont envoyé alors