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et le sommet O ; déjà deux compagnies avaient réussi à s’établir sur la légère élévation P. La nuit du 30 au 31, le mouvement de l’infanterie, arrêté pendant la journée, recommença. Au lever du soleil la première ligne, n’ayant progressé que de quelques centaines de mètres, se trouvait à hauteur des premières maisons du village de Syangyoungsou, à un kilomètre des tranchées russes. Sur la droite, le 41e régiment avait enlevé à minuit le piton E et, avant le jour, avait réussi à occuper la colline F ; un furieux combat s’était livré sur ce point ; les Russes firent deux contre-attaques successives et ne furent définitivement repoussés qu’après une mêlée sanglante au cours de laquelle un bataillon japonais fut presque anéanti.

Pour faciliter le mouvement enveloppant de la première armée sur sa droite, le maréchal Oyama prescrivit, le 31 au matin, d’enlever la ligne de Chiouchanpou avant la nuit.

Je suis obligé ici d’interrompre le compte-rendu des événements pour exposer dans quelles conditions je pus suivre les différentes phases du combat. Attaché à l’état-major de la deuxième armée en qualité de correspondant de guerre étranger, je me trouvais soumis à la stricte surveillance de trois officiers japonais. Dans la nuit du 29, notre groupe quitta la gare d’Anchantien, où nous cantonnions, et parvint au lever du soleil jusqu’à une colline située à plusieurs kilomètres au sud du Cha-Kho. C’était l’observatoire qu’on avait la prétention de nous imposer et qu’on nous interdit de dépasser malgré notre insistance et nos réclamations. Décidé à voir les choses de plus près, je quittai mes compagnons d’infortune, passai la rivière à l’est du chemin de fer et, après avoir traversé la plaine, je rejoignis sur le point K le général Yamagoutchi et l’état-major de la 5e brigade. Je me portai dans l’après-midi sur la colline O, d’où l’on avait une vue excellente de toutes les positions russes. C’est de là que j’assistai à l’attaque infructueuse de la 5e division.

Je passai la nuit du 30 au 31 dans un temple bouddhiste, voisin du village de Loutaoutchouan, que je quittai à cinq heures du matin. Après avoir traversé les rues encombrées par les