Page:Revue de Paris - 1905 - tome 1.djvu/690

Cette page a été validée par deux contributeurs.
684
la revue de paris

des Japonais. Pourtant la défense russe était compromise par la perte d’une partie des positions dont les Japonais de la division de Sendaï avaient chassé, le 2 septembre, la brigade Orloff et que les Russes ne purent reprendre le lendemain, malgré des contre-attaques désespérées. Aussi le général Kouropatkine se décida à se retirer vers Moukden en abandonnant Liaoyang dans la nuit du 3 au 4, quoique les Japonais eussent échoué dans tous leurs assauts contre les redoutes qui entouraient cette ville. Ce mouvement de retraite s’opéra en ordre parfait, sans laisser ni prisonniers ni canons aux mains de l’ennemi ; les Japonais vainqueurs, exténués par neuf jours de combats, furent incapables d’inquiéter la marche des Russes.

Dans cette bataille de huit jours, prenons maintenant l’attaque des lignes de Chiouchanpou, exécutée par les 3e et 5e divisions japonaises, du 29 au 31 août. Cette phase de la lutte présente le développement complet de l’attaque d’une position et répond parfaitement au problème envisagé par nos tacticiens : des circonstances favorables m’ont permis d’en suivre de près toutes les péripéties.

Les lignes dites de Chiouchanpou s’étendaient sur un front de quatre kilomètres. Orientées du nord-ouest au sud-est, elles se décomposaient ainsi qu’il suit, de la droite à la gauche russe. Immédiatement à l’est du chemin de fer se dresse le mont Chiouchan, roc isolé, dominant de deux cents mètres environ les plaines qui l’entourent. De toute part, ce massif se dresse abrupt et, dans la direction du sud et de l’ouest, il présente des escarpements verticaux, inaccessibles aux meilleurs grimpeurs ; un sentier à lacets, qui dégringole sur la face orientale, met le haut de la montagne en communication avec le village de Chiouchanpou. Au sommet, s’élève une des nombreuses tours de guet qu’on trouve éparpillées sur tous les points culminants du pays et qui datent des jours lointains où cette Mandchourie du sud redoutait les invasions coréennes et chinoises. On peut voir sur notre plan que ce bloc inattaquable se trouve légèrement en retrait par rapport