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LA REVUE DE PARIS

à l’insertion. Je ne sais pas bien les termes dont il s’est servi ; mais la personne présente qui m’a touché un mot de cela, R…, a bien ajouté aussi que vous n’y aviez pas ajouté foi et aviez rejeté l’insinuation. Quoi qu’il en soit, j’ai dû savoir si cette interprétation officieuse venait de Buloz et je m’en suis expliqué avec lui devant Abel que j’ai rencontré à la Revue. Il en est résulté qu’Abel a nié avoir rien dit de tel, et je n’ai plus attaché d’importance à ce propos. Mais Planche probablement aura su cela, et il vous a écrit là-dessus.

Quant à mon opinion sur la pièce, vous la savez ; j’ai regretté l’article de Planche, mais du moment que ce n’était pas tel ou tel mot à rayer, mais l’article entier, j’ai dû m’abstenir de tout ce qui ressemblerait à un veto, dont je ne me crois aucunement le droit vis-à-vis de Planche ni de personne. J’ai tâché, dans quelques lignes de la chronique, de marquer que c’était une opinion personnelle et de rétablir le fait extérieur du grand succès de Lucrèce. Je me suis arrêté là où il y aurait eu contradiction évidente entre l’article et la chronique.

Je regrette bien tous ces nuages et tracas, croyez-le bien. Je compte sur votre amitié, supérieure à tout cela, pour ne pas nous en voir séparés. Une chose que je regrette bien encore et qu’un mot de votre lettre avant-dernière a réveillée, c’est que Leroux se croit blessé à fond par vous pour je ne sais quoi qui se serait dit par vous sur lui à Didier la veille de Lucrèce. N’écrivez pas à Leroux je lui parlerai à la rencontre et lui dirai votre souvenir spontané qui le touchera, j’espère. Pourquoi toutes ces divisions entre des cœurs amis, faute de s’entendre ? Comme je voudrais que ces épines cessassent de croître, et que tout se rectifiât entre le génie et ceux qui l’admirent

Tout à vous de cœur.
Sainte-Beuve


Victor Hugo réplique, le même jour, et sa lettre est particulièrement nette et ferme :


« 25 février 1833.

» Entre vous et moi, Sainte-Beuve, il y a une amitié scellée d’une façon trop profonde et trop durable pour que les petites affaires de