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sion de l’état de siège. Lerminier rédige cette déclaration et dans les termes les plus généraux, pour comprendre les diverses nuances de l’opinion libérale. On désirerait le plus de noms honorables, voire même illustres. Ampère va demander la signature de M. de Châteaubriand ; on me prie de demander la vôtre.

On sera au National vers neuf heures. Un mot de vous ou votre présence seraient excellents, quelque chose, enfin, qui autorisât à mettre votre nom à l’acte.

À vous de tout cœur,
Sainte-Beuve

Je joins à ceci la lettre d’Ampère.

Victor Hugo répond aussitôt par ce billet :


« Ce 7 juin, dix heures du soir [1882].

» Je rentre, mon cher ami ; l’heure de rendez-vous au National est passée. Mais je m’unis à vous de grand cœur. Je signerai tout ce que vous signerez, à la barbe de l’état de siège.

» Votre ami dévoué,
» Victor.»

Quatre jours après, Sainte-Beuve réplique :

lundi, 11 juin 1832.
Mon cher ami,

Merci de votre réponse ; je ne doutais pas de votre adhésion, mais ç’a été inutile. Le premier soir, on a ajourné l’insertion, quoiqu’on eût signé une espèce de papier, mais il n’y avait pas assez de noms graves ; je n’avais pas encore le vôtre, ni celui de Béranger. Le lendemain, nouvelles signatures cette fois, j’ai mis la vôtre. Mais nouvelles chicanes, objections, discussions et ajournement d’insertion.

Je sais de vos nouvelles ce matin par Renduel ; je suis allé hier soir chez Nodier, pensant que vous y seriez peut-être. Les choses ne vont pas mal, grâce à la folie de nos gouvernants ; mais la folie de nos jeunes têtes les avait bien compromises, si les Guizot et Thiers ne les avaient raccommodées. Oh ! mon ami, si vous daignez penser une demi-heure à ces