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étaient mauvaises, et le vent de Jungle torride grondait parmi les roches et les branches craquetantes, laissant l'eau couverte de brindilles et de poussière.

— Les hommes aussi meurent à côté de leurs charrues, dit un jeune sambhur. J'en ai rencontré trois, entre le coucher du soleil et la nuit. Ils reposaient bien tranquilles, et leurs bœufs avec eux. Nous aussi, nous reposerons bien tranquilles, dans peu de temps.

— La rivière a baissé depuis la nuit dernière, dit Baloo. O Hathi, as-tu jamais vu pareille sécheresse ?

— Cela passera, cela passera ! répondit Hathi, en seringuant de l'eau le long de son dos et de ses flancs.

— Nous en avons un, ici, qui ne pourra pas résister longtemps, dit Baloo.

Et il lança un coup d'œil sur le jeune garçon qu'il aimait.

— Moi ? dit Mowgli avec indignation, en se mettant sur son séant dans l'eau. Je n'ai pas de longue fourrure pour cacher mes os, mais, mais si on t'enlevait ta peau, Baloo.

Hathi frissonna de la tête aux pieds à cette idée, et Baloo dit sévèrement : — Petit d'Homme, ce n'est pas une chose convenable à dire au. Docteur de la Loi. On ne m'a jamais, en aucun temps, vu sans ma peau.

— Non, je n'avais pas de mauvaise intention, Baloo; seulement je voulais dire que tu es, pour ainsi parler, comme la noix de coco dans son écale, et que moi je suis la même noix de coco toute nue. Or, ton écale brune...

Mowgli était assis les jambes croisées et s'expliquait en montrant du doigt les choses, suivant son habitude, quand Bagheera, allongeant une patte de velours, le renversa cul par-dessus tête dans l'eau.

— De mal en pis, dit la Panthère Noire, tandis que le jeune garçon se relevait en crachant. D'abord Baloo est à écorcher, maintenant, c'est une noix de coco ! Prends garde qu'il ne fasse comme les noix de coco mûres.

— Et quoi donc ? demanda Mowgli hors de garde pour l'instant, bien que ce fût là une des plus vieilles attrapes de la Jungle.