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peut pour cela avoir la prétention d’absorber les armes auxiliaires, sous peine d’étouffer. Là, comme partout, il faut la division du travail.

Mais ce travail des chars, objecte-t-on, le fantassin le revendique. Ces engins doivent faire partie de son armement au même titre que ses mitrailleuses, que ses canons de 37. Là l’argument est plus grave et plus dangereux.

Vouloir disséminer les chars entre les diverses unités d’infanterie, c’est les réduire à l’impuissance. Ils n’ont d’effet que s’ils agissent en grande masse. Autrement leur emploi présente plus d’inconvénients que d’avantages. Car il attire le feu de l’artillerie sur les troupes qui les utilisent et celle-ci aura tôt fait de les mettre hors d’usage en concentrant successivement son action sur les petits paquets de chars qui s’offriront à sa vue. Elle ne peut être paralysée que si elle est pour ainsi dire submergée par l’avalanche des chars se précipitant en un large front sur ses lignes.

Et puis ils ne pourront être employés partout. À quoi serviront-ils aux troupes qui se trouvent en arrière des cours d’eau ou dans des bois ou devant des épais lacis de tranchées ?

C’est au Haut Commandement qu’il appartient de les faire agir en masse, et, autant que possible, par surprise, là où il a décidé de mener l’attaque décisive.

D’autre part, en dehors du champ de bataille même, les chars, tels qu’ils sont constitués actuellement, ne sauraient s’avancer sur les routes avec les colonnes d’infanterie ; ils sont mauvais marcheurs, sans compter qu’ils sont aussi de terribles ravageurs de chemins. Une simple étape de 25 kilomètres les avarie tellement qu’il faut ensuite près d’une demi-journée pour les remettre en état. C’est sur des camions automobiles ou par voie ferrée qu’ils doivent être transportés. Si l’on en dotait les diverses colonnes d’infanterie, ils constitueraient de tels impedimenta que les chefs seraient les premiers probablement à réclamer qu’on les en débarrasse.

Toutefois il faut signaler que des études sont poursuivies actuellement pour améliorer la circulation des chars et sont près d’aboutir. On connaît déjà le dispositif Régresse, véritable crémaillère en caoutchouc, qui permet aux automobiles de rouler facilement dans la neige et dans le sable. Un nou-