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appliquer les mesures de maintien exceptionnelles en faveur de ce vigoureux soldat qui a rendu et peut rendre encore au pays des services exceptionnels.

En tout cas, quand il viendra à disparaître de l’arène militaire, on ne sentira plus la forte poigne habile à conduire l’attelage dépareillé auquel a été attelé le char de combat. Il y aura là une succession très lourde, très délicate à prendre.

En fait, la nouvelle invention n’est pas plus serve de l’infanterie que de l’artillerie. Son rôle est trop important, trop spécial, son essor trop vaste, trop impérieux, pour qu’elle ne mérite pas de relever d’une autorité indépendante, susceptible d’assurer son avenir. Mise en tutelle sous un autre service, elle y sera forcément traitée en parente pauvre ou tout au moins en parente éloignée, au grand découragement de son personnel et au grand détriment de ses progrès.

Au point de vue tactique, la question de l’autonomie se pose avec autant de vigueur. Si le corps des officiers d’artillerie peut fournir des techniciens pour assurer la fabrication et le perfectionnement de l’engin, il faut convenir que son emploi, limité au combat rapproché, ne cadre guère avec les méthodes de ces spécialistes du combat éloigné. D’ailleurs pour eux la question ne se pose plus. C’est l’infanterie qui va annexer de haute lutte le char de combat. Reste à savoir si l’appétit n’est pas un peu gros.

Pour quelles raisons l’infanterie réclame-t-elle l’emprise des chars ?

D’abord parce que ceux-ci sont destinés à lui frayer le chemin.

Raison spécieuse. Car toutes les armes sont destinées à frayer le chemin du fantassin. C’est leur mission. C’est même leur raison d’être. Les tirs de l’artillerie, les travaux du génie, les reconnaissances et les bombardements de l’aviation et même les chevauchées de la cavalerie ne seraient que des gestes inutiles s’ils n’avaient pour but de faciliter la progression de l’infanterie. Celle-ci, quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse, restera toujours la grande arbitre des batailles ; mais elle ne