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À la feuille 16 du cahier, est précisé le but que poursuit l’auteur et la manière de composition qu’il allait appliquer.

« Que chaque ligne fasse entendre : je sais ce que j’écris, et je n’écris pas sans dessein,

» 1o  Le ton ; 2o  communiquer les pensées par des procédés d’art et de façon serrée.

» Le ton : le récit de La Vie sera mené au nom de l’auteur-acteur, d’une façon serrée, mais sans ménager les explications, tout en procédant par scènes. Il faut harmoniser cela. La sécheresse du récit atteindra parfois celle de Gil Blas. Aux endroits à effet, faire comme si on ne cherchait pas à y arrêter l’attention.

» Mais il faut aussi que l’idée maîtresse de « la vie » apparaisse nettement, c’est-à-dire que, tout en n’expliquant pas par des mots l’idée entière et en la laissant constamment deviner au lecteur, il convient que celui-ci se rende compte que l’idée est pieuse, que « la vie » est une chose si grave qu’il valait la peine d’en remonter le récit jusqu’à la prime enfance. De même, par le choix des faits racontés, donner l’impression que certaine chose est constamment mise en évidence et que le futur homme est graduellement haussé sur un piédestal. »

La première définition du caractère du « futur homme » se lit à la feuille 8 du cahier[1] :

« Poésie des années d’enfance.

» L’instruction et les premiers idéaux.

» Il apprend tout en secret.

» Il se prépare seul à tout.

» Germes de fortes passions.

» Accroissement de la volonté et de la force intérieure.

» Orgueil incommensurable et lutte contre la vanité.

» Prose de la vie quotidienne et foi ardente qui en triomphe.

» Que tous s’inclinent devant lui, et lui pardonnera.

» Ne rien craindre. Aller jusqu’au sacrifice de la vie.

  1. Le terme « feuille » (et non page) est celui de l’original.