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La vie d’un grand pécheur

projet d’un roman de Dostoïevsky


On vient de retrouver, parmi les papiers de Dostoïevsky conservés au Musée historique de Moscou, un projet, ou « plan », suivant le terme de l’auteur, d’un roman : La vie d’un grand Pécheur, qui devait constituer « l’ultime œuvre » de Dostoïevsky, de son aveu même. « Ce sera mon dernier roman, la dernière parole de ma carrière littéraire », écrivait-il à son ami le poète A. Maïkov. Cet important document littéraire a été publié à Moscou par l’institution de l’État soviétique le « Centro-Archive » (Archives centrales), accompagné de commentaires de M. N. Brodsky.

Il serait vain d’en donner la traduction intégrale. Le commentateur officiel du document, qui a consacré à ses éclaircissements autant de pages que contient le plan, n’a pas songé lui-même à extraire un scénario méthodique des formules brèves, ou inachevées, des allusions obscures que l’auteur a noté pour son usage.

Nous allons tenter cette besogne, assez malaisée de fait, en puisant dans les notes de Dostoïevsky celles qui présentent une netteté suffisante, mais qui, disséminées en désordre à travers les feuillets d’un fort cahier, demandent à être rapprochées et coordonnées. Nous avons consulté, d’autre part, les missives privées de Dostoïevsky, puis les renseignements nouveaux fournis par M. Brodsky, ou empruntés à d’autres sources. Ils ne seront pas de trop pour en obtenir le ciment approprié au scellement des pièces en une mosaïque accordée.

Une lettre, adressée par Dostoïevsky à Maïkov, contient, entre autres, cette caractéristique du héros du roman projeté : « Il est, durant sa vie, tantôt athée, tantôt croyant, tantôt sectaire fanatique, pour redevenir athée. » Et plus loin : « Un gamin de treize ans, ayant participé à un crime de droit commun, esprit cultivé et débauché, est