Page:Revue de Paris, 29è année, Tome 2, Mar-Avr 1922.djvu/689

Cette page a été validée par deux contributeurs.

par la faconde d’habiles avocats indiens. Enfin le comité négligea d’entendre les témoignages essentiels et refusa de sanctionner les jugements prononcés, si bien que l’enquête devint une véritable poursuite contre les officiers tant Anglais qu’Indiens qui avaient, à tout le moins, sauvé l’Inde du Nord-Ouest. Ainsi les rapports, contradictoires[1], ne purent que dérouter l’opinion publique. Le gouvernement prononça son jugement : des fonctionnaires, en grand nombre, furent blâmés ; le général Dyer fut mis en disponibilité, et bien d’autres carrières furent brisées. Presque tous ceux qui avaient été convaincus, soit directement, soit indirectement, d’outrages à l’autorité, furent relâchés. Le résultat fut naturellement désastreux : aucun fonctionnaire du gouvernement dans l’Inde ne put dès lors compter sur quelque appui que ce fût en cas d’urgence, et la répugnance à agir promptement conduisit, par la suite, et à plusieurs reprises, à d’inutiles tueries.

Bien que la prompte répression de la rébellion au Punjab ait probablement arrêté pour un temps de nouveaux troubles, le parti révolutionnaire n’en avait pas moins remporté un triomphe éclatant et son activité s’en accrut rapidement.

Les sociétés secrètes furent remplacées par des meetings ouvertement tenus dans tout le pays. L’opinion nous devint de plus en plus hostile, d’autant que la presse indienne fit un usage immodéré de la liberté qu’on lui avait accordée.

L’année 1919 fut marquée par de sérieuses grèves fomentées, dans la province de Bombay, par les agitateurs, et ce mode d’action politique revient aujourd’hui fréquemment. Avant la rébellion du Punjab, Gandhi avait organisé le mouvement Satyagraha : résistance passive au Rowlatt Act. Ce mouvement était en principe dirigé contre le gouvernement et conduisit à de nombreux actes de violence. Il n’est pas probable que Gandhi ait réellement déchaîné la rébellion au Punjab, mais il a tenté de porter à la révolte des régiments indiens comme il s’en est ouvertement vanté ; et son mouvement Satyagraha contribua à provoquer les meurtres qui se produisirent de nouveau. Il devint le leader de la révolte,

  1. Les avocats indiens présentèrent un rapport séparé niant formellement l’existence d’une rébellion.