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colonies tient surtout à la force de l’administration et à la liberté dont elle jouit. Pour nous, dans l’Inde, nos devoirs primordiaux étaient d’assurer l’ordre et l’exercice des lois, d’administrer le pays au mieux des intérêts des masses, du bien-être desquelles nous nous étions rendus responsables. En comparaison, toutes nos autres attributions n’étaient que d’importance secondaire. L’admission dans notre administration d’Indiens, aptes à élever le niveau de justice et d’équité, fut un point essentiel de notre politique, avant la guerre ; et il n’était que peu de fonctions qui ne fussent ouvertes aux Indiens en possession des aptitudes nécessaires. Mais depuis quelques années, d’insidieuses interventions se produisirent qui eurent pour résultat de détourner notre administration de ses objectifs principaux. Les méthodes sont variées. Un parti nouveau arrive au pouvoir à Westminster ; parmi ses adhérents un groupe a des idées arrêtées sur l’Inde, sans avoir la moindre connaissance des conditions du pays. Envoi d’instructions formelles, et notre administration harassée voit son temps pris par quelque nouvelle expérience. L’intelligentsia, au verbe sonore, use de son influence à Londres pour obtenir quelque réforme qu’elle a en vue — réforme qui n’est jamais en faveur des masses. Sur ce, des parlementaires se font les échos d’une plainte imaginaire d’Indiens de la caste élevée, et parviennent à capter l’attention du gouvernement. Le Labour Party, bizarrement allié à des Brahmines qui ne songent qu’à le jouer, demande un pouvoir plus étendu pour la petite oligarchie qui rêve de gouverner l’Inde… De cette manière, et de bien d’autres encore, l’administration devient compliquée, confuse. L’administrateur se voit arraché à son véritable travail et reçoit l’ordre d’organiser de nouvelles élections et de confier des fonctions à des gens notoirement incompétents… Cependant les véritables besoins de la masse sont : la protection contre la famine et contre la peste, la justice simple et à bon marché, et l’allégement du cruel et lourd fardeau des dettes. Le résultat des influences que je viens de signaler est que la grande majorité des peuples de l’Inde est complètement dédaignée. Ils ne sont pas sans finesse et voudraient être conduits et non durement menés ;