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LA REVUE DE PARIS

enquête dont le résultat, favorable à ses nationaux, leur donna en partie satisfaction.

Gandhi avait bien mérité de sa patrie ; pour la servir, il avait sacrifié tout son patrimoine ; il gagnait sa vie de ses mains en faisant métier de savetier.

En 1915, il rentrait aux Indes, en passant par l’Angleterre, où il contribua à organiser un corps d’étudiants indiens pour le service d’ambulance sur notre front comme il avait fait pendant la guerre boer et la guerre de 1906 contre les Zoulous. Au printemps de 1918, il participait encore à des conférences convoquées à Simla par le Vice-Roi pour aviser au moyen de redoubler l’effort guerrier.

Un an ne s’était pas écoulé qu’en février 1919 il recommençait à prêcher la résistance passive, cette fois contre les autorités britanniques elles-mêmes. En mars-avril, les désordres dans le nord de l’Inde tournaient à la rébellion ouverte. Gandhi s’apprêtait à pousser le mouvement au Pendjab, quand le lieutenant-gouverneur le fit arrêter et reconduire à Bombay. Peu après avait lieu la sanglante répression d’Amritsar, dont les échos n’ont pas cessé de retentir. Gandhi, dont elle n’a pu qu’exaspérer les griefs, n’en conseilla pas moins, par son manifeste du 18 avril, de suspendre la désobéissance aux lois. « II n’avait pas mesuré à leur juste puissance les forces du mal », écrivait-il.

En décembre 1919, le Parlement de Westminster achevait de voter l’ensemble de réformes qui, pour récompenser les loyaux services de l’Inde pendant la guerre, conformément aux promesses solennelles du 20 août 1917, l’appelaient à élire désormais la plus grande partie des assemblées et des conseils chargés de la gouverner, et à faire ainsi un grand pas dans les voies du régime représentatif qui aboutirait un jour à la pleine autonomie.

Le mot d’ordre lancé par Gandhi fut de ne prendre aucune part aux élections ; sous aucune forme il ne fallait seconder l’action de l’intrus britannique. Qu’aucun électeur ne vote ! qu’aucun candidat ne se présente ! que les avocats cessent de plaider et les juges de siéger ! que les fonctionnaires se démettent, qu’ils renoncent à leurs titres et à leurs dignités ! que les maîtres refusent d’enseigner à l’occidentale, que les