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égalité de membres français et espagnols, plusieurs membres anglais, un membre belge, etc., sous la présidence du Naib, représentant du Sultan. La France, l’Espagne et l’Angleterre prendraient part de ce fait à l’administration d’une ville où chacune de ces puissances a des intérêts et cette collaboration tripartite s’exercerait en plein accord et sous l’autorité morale du chef de l’empire chérifien et de son maghzen. Telle nous semble devoir être la combinaison à la fois la plus équitable et le plus pratique pour assurer, tout en ménageant les intérêts et les droits de chacun, le libre épanouissement du port de Tanger.

Nous l’avons dit au début de ces pages et nous le redisons plus catégoriquement encore : si une certaine opinion publique espagnole agite avec éclat une thèse impérialiste, si l’Angleterre de son côté pour des raisons diverses reprend la question de Tanger dans un esprit qui ne semble pas, a priori, très favorable à notre thèse, il n’y a là pourtant que des difficultés secondaires. Nous croyons savoir que, de part et d’autre, les trois chancelleries européennes sont parfaitement désireuses de se mettre d’accord sur le problème tangérois et même, à quelques points de détails près, nous sommes persuadés qu’elles sont virtuellement d’accord. La thèse « Tanger espagnol » pas plus que la thèse « Tanger français » n’ont jamais constitué à vrai dire un point de vue diplomatique, mais un simple point de vue d’opinion ou de presse. Les trois puissances — et c’est là un point essentiel — sont animées de la même intention d’assurer la neutralisation stratégique de Tanger, sa liberté commerciale et l’égalité économique.

Nous reconnaissons bien volontiers les intérêts que possède l’Espagne à Tanger ; nous reconnaissons bien volontiers aussi les intérêts qu’y possède l’Angleterre. Mais ce que nous demandons en revanche à l’Angleterre comme à l’Espagne c’est de reconnaître les nôtres.

Est-il besoin de dire qu’ils sont considérables ? Sans compter les établissements commerciaux français établis à Tanger, tels que : des sardineries, briqueterie, minoteries, fonderies