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statues grecques. Ces troupes étaient gauloises, et bien-aimées du glorieux empereur. Cette race d’hommes de l’Occident ne ressemble point à la nôtre. Ces corps gigantesques sont posés sur leurs forts chevaux comme des tours. Leur poitrine, leurs bras, leurs jambes sont revêtus de mailles de fer. Ce tissu de petites agrafes garantit jusqu’à leurs mains et permet le libre mouvement des doigts. Leur tête et leur visage sont défendus par un masque de fer, qui leur donne la figure et le poli des simulacres. Quand ce masque est relevé, on voit des fronts aussi blancs que ceux des femmes, des cheveux ardents ou blonds et comme dorés par le soleil, et des yeux clairs, bleus et énergiques.

Je demeurai tout le jour sur les terrasses pour observer les changements de ce peuple timide et rusé. Puis lorsque je vis s’approcher l’heure de la première veille, je sortis secrètement de la maison et de la ville, et je m’enfonçai dans le bois qui conduit à Daphné.

alfred de vigny

(La suite prochainement.)