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d’établir en Judée quatre à cinq millions de Juifs. Ainsi que nous l’avons appris de source très sûre, des arrangements interviendront bientôt entre l’Angleterre et la France, qui accorderont à la Palestine l’accès aux eaux du Litany et du Yarmouk.

En ce qui concerne le mandat, il nous est possible d’en indiquer les points importants. Le projet de mandat reconnaît de façon explicite le droit historique du peuple juif sur la Palestine. Ce n’est qu’une formule, mais pour laquelle le sionisme a lutté depuis quarante ans. Si elle ne constitue pas une proclamation de l’état juif, elle est du moins l’annonce d’une ère nouvelle.

La puissance mandataire est tenue, aux termes du projet, de favoriser par une législation appropriée l’immigration juive et l’établissement d’un foyer national. L’organisation sioniste est reconnue comme organe chargé de diriger l’immigration. L’administration de la Palestine aura l’obligation de s’entendre avec elle au sujet de certains travaux d’ordre public.

C’est beaucoup et c’est peu.

Beaucoup, si l’on pense à l’état peu brillant du sionisme en 1915.

Peu, car le mandat est rédigé en termes très vagues. Il nécessitera une interprétation de l’administration anglaise. L’œuvre juive de reconstruction est donc laissée à la merci des hauts fonctionnaires britanniques. Pour le moment les sionistes peuvent commencer leur travail en Palestine. Sir Herbert Samuel pratique à leur égard une neutralité bienveillante. Mais un autre haut-commissaire pourra être nommé qui n’aura pas les mêmes dispositions.

C’est pourquoi il est regrettable que le projet n’accorde à l’organisation sioniste aucune part à l’administration du pays et aucun droit en ce qui concerne la nomination du haut-commissaire.

Les sionistes ne peuvent donc se déclarer entièrement satisfaits par un mandat qui ne contient pas de suffisantes garanties pour l’avenir et ne leur permet pas une action continue.