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L’EVOLUTION DE LA NOTION DE DROIT NATUREL
ANTÉRIEUREMENT AUX PHYSIOCRATES


par A. Dubois,


Professeur à l’Université de Poitiers.




INTRODUCTION.




La Physiocratie a été l’aboutissement de la réaction anti-mercantiliste.

Elle constitue une synthèse de principes auparavant formulés mais non coordonnés. Pour la première fois, nous sommes en présence d’une science économique. Cette synthèse, le docteur Quesnay, le créateur de la nouvelle science, la réalisa en rattachant les matières économiques à des notions générales puisées dans la philosophie morale du XVIIIe siècle. Bonar remarque avec raison que si au XVIe et au XVIIe siècles, l’Économie politique s’inspira surtout de la philosophie politique, au XVIIIe elle revient, comme dans l’antiquité et au moyen-âge, à sa source première : la philosophie morale. Mais bien entendu elle conserve l’autonomie conquise dans les âges précédents et si pour les moralistes elle continue d’être une science auxiliaire à laquelle ils font appel pour la solution de certains problèmes, réciproquement la morale joue le même rôle vis-à-vis d’elle chez les Économistes.

De la physiologie, le médecin Quesnay passa à la psychologie et à la philosophie morale et de celle-ci à l’Économie politique. Connaître la nature humaine pour découvrir les moyens de procurer à l’homme le maximum possible de bonheur, tel fut le but que, comme tant d’autres penseurs de l’époque, il assigna à ses efforts. Il lui fallait donc rechercher les lois de la vie physique dont dépend la santé du corps, les lois de la vie intellectuelle et morale dont dépendent les nobles plaisirs de l’esprit et du cœur. « Avant que de considérer le droit