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gurer un système nouveau en philosophie, en morale, en économie politique, commence naturellement par démontrer que les systèmes connus jusqu’ici ne sont pas satisfaisants. C’est à quoi ne pouvait manquer M. Emile Sax. Tel est l’objet de la section II qui porte pour titre : Les diverses théories sur la nature économique de l’activité de l’État. Cette partie critique, cette histoire de la pensée humaine appliquée à un objet aussi important, est des plus intéressantes. Faisons donc une revue rapide de ces systèmes condamnés par l’auteur.

Voici venir, en première ligne, la théorie caméralistique, qu’on pourrait aussi appeler patriarcale, d’après laquelle le souverain est assimilé à un bon père de famille et, en cette qualité, chargé d’assurer le bonheur de ses sujets. C’est ce que les Allemands appellent la théorie du ménage de l’État (staatshaushalt)[1]. L’économie publique est traitée comme une simple économie domestique. On donne au souverain absolument les mêmes conseils que ceux qu’on donnerait à un particulier : conformer ses dépenses à son revenu ; ne pas faire de dettes ; si on a été forcé d’en faire, les payer le plus tôt possible. Il n’y a pas lieu d’insister sur tout cela.

Vient ensuite la théorie de l’échange, c’est-à-dire que chaque contribuable est réputé payer à l’État les services qu’il en reçoit. La théorie de l’état-assureur n’en serait qu’une variante. M. Sax cite Bastiat[2] comme le principal propagateur de cette idée qui est la base du principe de la proportionnalité, et qui a sa source dans la théorie du contrat social. M. Sax maltraite fort la théorie de l’échange.

Que faut-il entendre par théorie de la consommation ? C’est celle qui dérive de la distinction établie par Adam Smith[3] entre le travail productif et le travail improductif, entre les consommations

  1. Roscher intitule encore staatshaushalt la quatrième et dernière partie de son grand ouvrage, dans laquelle il traite de l’économie publique, des finances, etc.
  2. Il reproduit le chap. XVII des Harmonies économiques (services privés, services publics.)
  3. Richesse des nations, livre II, chap. 3. M. Sax fait remarquer avec raison qu’il y a contradiction entre cette doctrine et ce que dit Adam Smith, du travail intellectuel (livre I, chapitre 10 : Des salaires et des profits) dont la rétribution est assimilée au salaire de l’ouvrier dans le tableau qu’il trace des circonstances qui font varier les salaires dans les diverses professions.