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plus lourdes, et les dettes de plus en plus considérables, à la fin de l’année l’association des trois églises fut rompue. La désunion se mit entre elles, et le Gouvernement royal, après avoir vainement essayé d’y porter remède, créa un « établissement central de bienfaisance, » qui entra en exercice le 1er mars 1818 (18 février 1818). C’était la défaite presque absolue de l’assistance ecclésiastique. En effet, si on consentait à leur laisser leurs capitaux de secours, c’était à la condition qu’elles en remettraient les revenus à l’établissement central. Seule l’église luthérienne obtint la faveur de garder ses revenus pour sa maison des pauvres.

Cependant la lutte n’était pas terminée. En 1840, la ville avait procédé à une réforme de l’ancienne organisation, et, en 1843, elle avait adopté le principe du recouvrement par voie d’impôt de la somme nécessaire à l’assistance publique. Ces deux innovations furent suivies d’une recrudescence de paupérisme qu’on attribua à la seconde, alors qu’en réalité elle provenait de la première. L’opinion publique s’inquiéta, et, en 1850, le compte-rendu du comité de la ville proposa le retour au système de l’assistance ecclésiastique et la suppression de l’impôt. Des négociations furent alors engagées avec les différentes églises. Elles n’aboutirent qu’avec l’église luthérienne, qui accepta la charge de pourvoir à ses pauvres avec ses propres ressources, sous la condition d’une garantie fixée à l’avance contre un déficit possible. Mais ce système ne dura que de 1852 à 1854. Soit impossibilité, soit refus, l’assistance laïque fut donc obligée de se suffire à elle-même. Et voici alors quel fut jusqu’en 1880 le système pratiqué.

Liberté absolue était laissée aux différentes églises d’exercer la bienfaisance comme elles l’entendraient. Seulement, comme le contrôle était impossible et que, par suite, il y avait danger de doubles emplois, l’assistance publique considérait tout individu assisté par une des confessions comme se suffisant à lui-même et n’ayant pas droit à ses secours. D’ailleurs, il ne semble pas que cette mesure un peu radicale ait été inspirée par un esprit d’animosité, car la ville consentit à rendre aux différentes églises les revenus de leurs capitaux de secours. On eut donc le spectacle de deux assistances fonctionnant parallèlement sans aucune communication entre elles. L’assistance publique s’exerçait de la façon que nous indiquerons tout à l’heure : l’assistance ecclésiastique s’exerçait différemment suivant les églises ; ainsi l’église catholique