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d’économie politique publiés par quelques-uns des professeurs chargés du nouvel enseignement dans les Facultés de droit. Préalablement à toute discussion sur les motifs, je consigne ici les jugements qui ont été prononcés. Voici comment s’exprime M. Baudrillart, à la page 185 de l’article cité : « Nous estimons que l’enseignement de l’économie politique a été un progrès dans ce sanctuaire jusqu’alors fermé des études juridiques, et, en jetant les yeux sur tout ce qu’il a produit, nous avons la certitude qu’il a porté d’excellents fruits. Nous avons cru pourtant utile d’appeler l’attention sur certaines défaillances ou déviations, du moins sur ce qui nous a paru tel. Nous avons pensé qu’il y aurait quelque chose d’inquiétant dans cet éclectisme qui admet, dans une sorte d’ex æquo, la vertu de principes contraires. » Quant au jugement porté par M. Courcelle-Seneuil, il est d’une extrême sévérité, et conforme à ce qu’il avait auguré d’un enseignement de l’économie politique confié à des jurisconsultes. On pourrait, à la vérité, penser que la condamnation prononcée par l’éminent économiste ne frappe que les deux auteurs dont il vient d’apprécier les ouvrages ; il n’en est rien, et cette condamnation porte beaucoup plus loin, car voici sa conclusion : « Maintenant, si nous comparons le livre de M. Villey à la plupart de ceux qui ont été publiés par ses collègues des diverses Facultés, nous trouvons qu’il ne leur est pas inférieur. Il est même préférable à tel d’entre eux qui écrit avec plus de prétention et de hardiesse, contient un assez grand nombre d’erreurs positives très grosses, très dangereuses et bien affirmées. En somme, si nous en jugeons par les livres qu’ils ont publiés, nos professeurs d’économie politique agrégés de droit n’ont guère répondu à l’intention du législateur qui a établi leurs chaires… Nous regrettons que la lassitude causée par des concours qu’ils ont dû subir et par les habitudes d’esprit qu’ils ont contractées dans leurs études ne leur aient pas permis de se mettre au courant de la science qu’ils ont été chargés d’enseigner[1]. » Ainsi, on le voit : la condamnation est bien générale, et toujours reparaît l’explication tirée du vice originel dont sont infectés les jurisconsultes.

  1. M. Courcelle-Seneuil, Journal des économistes d’août 1885, pages 303 et 304 (Compte rendu du livre de M. Villey).