Page:Revue d’économie politique, 1887.djvu/33

Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’un jeune docteur, agrégé de la veille, qui, saturé de droit civil et de droit romain, s’est reposé des ennuis et des fatigues du concours dans l’étude de l’économie politique et y a pris un plaisir extrême.

J’arrive au second grief que j’ai relevé ci-dessus. Je suis loin de nier les difficultés que présentent l’étude et l’enseignement de l’économie politique, à laquelle on ne saurait appliquer ce qui, sous une forme un peu paradoxale, a pu être dit de quelques autres enseignements, à savoir qu’il suffit au maître d’avoir vingt-quatre heures d’avance sur ses élèves. Non, on n’apprend pas l’économie politique au jour le jour, comme on l’enseigne. Il faut en avoir parcouru le domaine entier pour en savoir quelque chose, pour bien savoir, je ne dirai pas l’économie politique, mais ce que c’est que l’économie politique ; d’autant mieux que les notions élémentaires, celles qui, dans certaines branches du savoir humain, sont les plus faciles et les premières qu’on rencontre, sont souvent, dans les sciences morales, les plus difficiles à bien saisir et n’apparaissent que comme le couronnement tardif de longues études. Il ne faut pourtant rien exagérer, ni dans un sens ni dans l’autre ; et j’ai le regret de rencontrer des appréciations empreintes de cet esprit d’exagération qui, suivant la thèse qu’on soutient, présente l’économie politique comme très difficile ou comme très facile.

La thèse favorite de M. Courcelle-Seneuil est, on le sait, la nécessité de séparer l’étude de la science pure de l’étude des applications. Je suis loin de contester la thèse, mais il m’a semblé que, à l’appui de cette thèse, le savant économiste est entré dans des développements qui l’ont conduit à tracer un tableau quelque peu effrayant des efforts intellectuels auxquels devra se soumettre l’apprenti économiste. J’essaie de citer sans tronquer : « L’économie politique a pour objet une partie de l’activité volontaire des hommes, et la science sociale a pour objet cette activité tout entière. Donc, il n’y a point ici de place pour l’expérience proprement dite : il faut se contenter de l’observation et du raisonnement. L’activité volontaire de l’homme ! S’il est un sujet complexe, difficile à étudier et qui exige l’attention la plus soutenue, c’est assurément celui-ci… Partout, mais surtout en matière de science sociale et d’économie politique, le penseur se trouve en face d’un sujet obscur, à la contemplation duquel