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Minerve de la tête de Jupiter. Ce sont là des erreurs absolues. L’économie politique a eu pour fondateurs une secte d’illustres philosophes français du milieu du dernier siècle ; ce sont eux qui ont créé la formule : production, répartition et consommation de la richesse ; et je montrerai que c’est pour avoir méconnu le sens primitif de cette formule que des écrivains modernes ont réduit la science à l’état déplorable dans lequel elle se trouve aujourd’hui.

Quoi qu’il en soit, tous les économistes sont du moins d’accord sur ce point, que leur science s’occupe exclusivement de la richesse, qu’elle est la science de la richesse. Nous avons donc à nous demander : Qu’est-ce qu’une science ? Qu’est-ce que la science de la richesse ?

Qu’est-ce qu’une science ? Une science est un ensemble de phénomènes ou de faits, ayant tous pour base une seule idée ou qualité générale ; et c’est une loi fondamentale de science naturelle que tous objets qui possèdent cette qualité, si différents qu’ils puissent être d’ailleurs, doivent être compris dans cette science ; et le but de la science est de découvrir et de fixer les lois qui gouvernent les phénomènes ou les rapports des objets qu’elle embrasse.

Si donc l’économie politique est la science de la richesse, la première chose à faire est de déterminer cette qualité générale unique qui donne aux choses le caractère de la richesse ; il faudra ensuite découvrir les divers genres d’objets possédant cette même qualité ; puis déterminer les lois qui gouvernent les rapports de ces divers objets.


De la définition de la richesse.


Si j’appelle l’attention de mes lecteurs sur la définition exacte de la richesse, j’espère qu’ils ne me soupçonneront pas de les convier à de vaines questions de mots ou à des recherches de pure curiosité. Ce mot n’est pas seulement la base d’une grande science ; il n’y en a probablement pas qui aient exercé une aussi sérieuse influence sur l’histoire du monde et sur le bien-être des nations, suivant le sens qu’on y a attaché à diverses époques.

Pendant de longs siècles, la législation de chacun des peuples de l’Europe a été basée sur la signification qu’on attribuait au mot richesse. L’illustre économiste français, J.-B. Say, dit que,