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orthodoxes pensent que oui. D’ailleurs, c’est une question qu’il ne faut pas envisager d’une façon purement théorique, mais eu égard à tel ou tel État. Est-ce sérieusement qu’on vient nous dire que l’enseignement donné par l’État a nui au développement des sciences ? On ne se fait pas faute de répéter qu’on ne veut ni de l’enseignement de l’Université, ni de l’enseignement des Jésuites. On s’imagine peut-être que le libre enseignement eût pris la place de l’Université. S’il était permis de faire des expériences de ce genre, et qu’un beau jour on déclarât qu’il n’y a plus d’Université, que chacun est libre d’enseigner ce qui lui plaît, on verrait quel désarroi général en résulterait.


III.


Quel que fût le mérite des professeurs qui les occupaient, deux ou trois chaires à Paris ne constituaient pas une organisation de l’enseignement de l’économie politique. Un nouveau débat s’éleva donc lorsqu’il s’agit de lui faire une plus large part dans les établissements d’instruction publique. Où fallait-il placer cet enseignement ?

Il en a été de cette question un peu comme de la précédente : il n’y a pas eu de divergence d’opinion bien considérable, de dissentiment bien profond ; un courant irrésistible portait vers les Facultés de droit, ce qui s’explique par des raisons d’ordre différentes. C’est, en premier lieu, le rapport étroit qui existe entre le droit et l’économie politique. Ce rapport, ceux-là seuls peuvent le nier qui n’ont pas une notion claire de l’une ou de l’autre de ces sciences, sans compter ceux qui ignorent l’une et l’autre. C’est ce rapport qui explique comment des jurisconsultes économistes ont pu avoir la pensée de n’admettre l’économie politique à la Faculté de droit que comme accessoire d’un autre enseignement, du cours de droit administratif, par exemple, ou du cours de droit commercial, ou d’un cours de droit naturel, en supposant que ce dernier enseignement eût existé. Je crois que l’économie politique méritait mieux que cela, et que le voisinage eût été fâcheux à certains égards.

Une autre raison, qui tient moins au fond même des choses qu’à l’organisation de notre enseignement supérieur, peut se ré-