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DE L’ENSEIGNEMENT DE L’ÉCONOMIE POLITIQUE.


Faut-il enseigner l’économie politique ? Où et par qui convient-il qu’elle soit enseignée ? Quelles difficultés particulières présente cet enseignement ; quelles aptitudes spéciales réclame-t-il ? Dans quelles conditions est-il donné aujourd’hui ? Quelles perspectives cet enseignement ouvre-t-il aux progrès et à la diffusion des connaissances économiques ! Ces questions, et d’autre analogues, ont soulevé de longs débats. Je les ai suivis avec d’autant plus d’intérêt qu’ils ont commencé, il y a quelque vingt-cinq ou trente ans, à l’époque où je m’adonnais à l’étude de l’économie politique avec la ferveur et l’inexpérience d’un néophyte, et qu’ils ne laissaient pas de me troubler quelque peu dans ma foi naissante. Si le débat était irrévocablement clos, je me garderais bien de le rouvrir, et il y aurait tout au plus là matière à un court chapitre dans une histoire de l’économie politique au XIXe siècle. Mais il n’en est rien : quelques-unes des questions que je viens de poser restent toujours ouvertes, et le débat reprend de temps à autre avec une vivacité nouvelle. Nul ne saurait y demeurer indifférent, et c’est un devoir étroit d’y prendre part pour tous ceux qui, s’étant consacrés à l’étude et à l’enseignement de cette science, ont conservé entière leur foi dans les salutaires effets que produira tôt ou tard une large diffusion des saines notions d’économie politique. Je suis de ceux-là ; et je ne suis poussé à parler de toutes ces choses que par le pur intérêt de la science. J’en parlerai donc sans autre préoccupation que la recherche de la vérité et d’une juste mesure entre les appréciations si divergentes qui se sont produites sur ce sujet : sine ira et studio, quorum causas procul habeo.


I.


Il semble que je remonte au déluge en rappelant qu’un jour ou s’est posé la question de savoir s’il convenait d’enseigner l’économie politique, et qu’on a répondu catégoriquement : non. Il semble que c’est là une de ces causes qui ne se plaident plus.