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144 REVUE CRITIQUE çais et en allemand, de façon à le rendre accessible au plus grand nombre des

lecteurs 1. . Enrique-Claudio GIRBAL.

158. — Les Troubadours de Béziers, par M. Gabriel Azais, secrétaire de la Société archéologique de Béziers. Deuxième édition. 1869. In-8*, Ixxvj-189 p. Béziers, imp. Malinas (Paris, A. Franck). — Prix : $ fr.

Les Troubadours de Béziers sont au nombre de six: Raimon Gaucelm, Bernard d’Auriac, Joan Esteve, Guillaume de Béziers, Matfre Ermengaut, Azalais de Portiragues2. M. G. Azais a publié et traduit leurs pièces, qui étaient en partie inédites, y joignant les notices biographiques et littéraires dont la matière lui a été fournie tant par les pièces elles-mêmes que par les documents du temps. Les dernières pages (150 à 159) du mémoire sont consacrées à quelques trou- . badours du voisinage de Béziers que M. Azais a voulu faire connaître aussi à ses compatriotes, au moins par quelques rapides indications. Les troubadours biterrois appartiennent à une époque avancée de la littérature provençale, à la seconde moitié du xin° siècle. Aussi les mss. ne nous fournissent-ils à leur égard aucune de ces biographies qui précèdent dans quelques-uns d’entre eux les pièces des troubadours antérieurs à 1240 ou 1250. Cependant, grâce aux allusions historiques que renferment leurs poésies , grâce aussi au ms. 856 qui fournit en rubrique la date de plusieurs de ces pièces, nous sommes assez bien renseignés sur l’époque de leur composition, et Raimon Gaucelm, Bernard d’Auriac, Joan Esteve deviennent avec Guiraut Riquier, d'excellents types de la poésie des troubadours à la fin du xin° siècle. 11 n’en est pas de même de celui que M. A. appelle Guillaume de Béziers. L'une des deux pièces que nous possédons de lui est un planh sur la mort violente d’un vicomte de Béziers. Mais s’agit-il de Rai- mon Trencavel, assassiné en 1167, ou de Raimon Roger, mort empoisonné, selon certains témoignages, en 1209? M. A. se décide pour le second, mais, quoique probable, cette opinion laisse encore place au doute.

M. A. pense avec raison que ces poètes ne sont pas les seuls que Béziers ait produits. Mais on ne peut se ranger à son opinion lorsqu'il attribue au sac de Bé- ziers par les croisés, en 1 209, la perte des poésies biterroises antérieures à cette date (p. 2 et 121). Cette conjecture repose sur une idée peu juste de la manière dont se transmettaient les chants des troubadours. Ces chants n’étaient pas conservés à la façon de pièces d’archives, dont un incendie peut causer la perte irrépa- rable. Tout porte à croire qu’elles n'étaient généralement écrites qu’assez long- temps après leurs compositions. Elles prenaient place d’ailleurs dans des recueils

1. Notons en terminant que le couvent de Saint-Daniel ne pi être qualifié de gothique, car si le portail et le cloître appartiennent à cette période, le plan de l’église et son clo- cher sont romans. Ailleurs l’auteur doit avoir confondu l'Hôpital des Lépreux avec Notre- Dame del Pilar de Pedret, car du premier de ces deux édifices il ne reste rien qui ait quelque valeur artistique.

2. On dit ordinairement « de Porcairagnes » qui est l’une des anciennes formes, (cas- trum de Porcairanicis). C’est un village très-voisin de Béziers.