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Adieu, madame, et n’allez pas penser
Que tout ici n’est que pour s’amuser.
Je suis bien sot d’avoir eu le courage
De vous aimer et de faire le sage.
Il s’en va.


PERETTE

Tu n’étais donc pas fou ?


ARLEQUIN

Je ne l’étais
Que de chérir vos perfides attraits.


PERETTE

Tu m’aimes donc, Arlequin ?


ARLEQUIN

Mallapeste !
Oui, je vous aime… Enfin, je vous déteste.


PERETTE

Quoi ! tu n’étais pas fou ?


ARLEQUIN

J’ai combattu
Contre mon cœur.


PERETTE

Ah ! si je l’avais su !


PACIFISMES

L’ouverture de la deuxième conférence de La Haye a remis le pacifisme à l’ordre du jour. Ses protagonistes s’agitent, pour agiter l’opinion. « Pèlerins de la paix », ils avaient annoncé qu’ils iraient de capitale en capitale, grossissant leur troupe à chaque étape, porter leurs doléances et leurs remontrances aux souverains. Ils invitaient en même temps les masses, les premières intéressées, à« descendre dans la rue », trop souvent laissée aux violents : il est temps, disaient-ils, que le peuple lui-même signifie, par des processions grandioses, sa ferme volonté d’en finir avec la guerre. Ces projets de manifestations ont eu au moins l’avantage de faire parler les journalistes. L’attention générale est ainsi ramenée, en effet, vers les doctrines pacifistes. Sur leurs principes et leurs conséquences, on recommence à réfléchir en commun. •

« •

Une première déception attend le néophyte, s’il dépouille avec quelque conscience la « littérature » du sujet. Il ne devrait y avo.ir, pensait-il sans doute, qu’un pacifisme, pour régner sur la terre. Or les documents lui révèlent vite qu’il y en a plusieurs, et qui sont loin d’étre d’accord. En particulier on voit clairement se dresser aujourd’hui, contre le « pacifisme bourgeois », un « pacifisme ouvrier ». Et s’ils ne se battent pas encore, ils discutent ferme. La querelle, à vrai dire, date de loin. Un sait que notre pacifisme n’est qu’un revenant, ou un ressuscité. La guerre de 1870, si elle ne l’availpas condamné à mort, lui imposait une espèce de léthargie. Mais avant 1870il vivait, il parlait, il faisait parler de lui. La Ligue de la Paix et de la Liberté réunissait en Suisse des Congrès imposants.

Entre elle et Y Internationale les relations furent d’abord très cordiales. Le Congrès socialiste de Lausanne décidait d’adhérer « pleinement et entièrement » au Congrès pacifiste de Genève. Mais le mariage ne fut pas de longue durée. Le Congrès de Bruxelles se montra, pour le Congrès de Berne, beaucoup moins aimable. L’Internationale n’envoya pas dire à la Ligue de la Paix qu’elle n’avait pas de raison d’être : en dehors du socialisme, point de pacifisme qui tienne.

C’est le même refrain que recommencent à entendre les Congrès récents des sociétés de la paix. Elles retrouvent, en voulant s’étendre, les mêmes alliésadversaires. A Nîmes, en 1904, elles décidèrent d’ouvrir les portes de leur assemblée aux divers groupements démocratiques, entre autres aux syndicats et aux Bourses du Travail. Les nouveaux venus ne manquèrent pas de railler cette « action d’en haut », à laquelle les pacifistes bourgeois paraissent faire confiance. Que ne se tournent-ils bien plutôt vers le syndicalisme ! Que ne consacrent-ils tous leurs efforts à seconder son mouvement émancipateur !

C’est à quoi les exhortait la formule que le

citoyen Niel, de la Bourse du Travail de Montpellier, fit acclamer.

Depuis, la question reste à l’ordre du jour. Le Congrès international de la Paix, à Lucerne, sur un rapport de M. Prudhommeaux, décida la création d’une commission spéciale relie aurait pour mission » de s’informer avec soin des conceptions pacifiques du parti des travailleurs et d’en retenir les points susceptibles detre incorporés à notre programme ». Mais le « parti des travailleurs », au moins en France, semble peu disposé à répondre à ces avances. Le Congrès des travailleurs de la terre, à Avignon, refusa nettement d’adresser aux pacifistes le témoignage de sa sympathie. A V Appel aux militants du prolétariat international, lancé à propos du nouveau Congrès des sociétés de la Paix à Milan, la Revue syndicaliste répond par un feu roulant d’ironies. Et M. Léon Vignots, délégué de la Fédération nationale des syndicats maritimes, établit par a -|- b qu’il est décidément impossible au pacifisme non