Dugazons : Mmes de Véry, Joët, Gavelle, Lenté-Maître, Strelesky, Deschamps, Fargueil.
M. Soyer de Tondeur ; Mmes Cerny, Canetta, Saint-Cygne, Colombo, Arado, Aubert, etc.
Créations : Armide (Gluck), le Jongleur de Notre-Dame (Massenet) ; l’Étranger (d’Indy), Namoura (Lalo), Gretna-Green (Guiraud) ; Armor (S. Lazzari), les Girondins (Le Borne).
Reprises : Les Huguenots, l’Africaine, Hamlet, Rigoletto, le Trouvère, la Juive, Guillaume-Tell, Faust, Sigurd, Aïda, Carmen, Orphée, le Roi d’Ys, Tannhæuser, Siegfried, Lohengrin, Salammbô, Thaïs, Louise, etc.
Je me garderai bien d’émettre en toute franchise mon opinion sur les Huguenots repris mardi pour l’ouverture de la saison théâtrale. Sans doute entre l’avis de tel meyerbeerien forcené qui admire tout en bloc depuis les intéressantes pages du 4e acte jusqu’à l’invraisemblable chœur bouffe : « Jeunes beautés… » et les idées extrêmes de Schumann, il y a place pour bien des opinions plus sages et plus modérées, mais je sens que mon opinion personnelle, excessive, mais très sincère choquerait inutilement plus d’un lecteur. C’est que nous, les jeunes qui avons débuté au théâtre par l’audition de Lohengrin ou de Tristan, nous qui avons appris le solfège et l’harmonie en déchiffrant laborieusement, mais avec passion, les partitions les plus redoutables de Wagner, nous nous sommes souvent efforcés de faire abstraction de notre éducation musicale — peut-être regrettable — pour faire en toute sincérité, sans snobisme ridicule, l’essai loyal de goûter l’opéra de Répertoire et nous n’y sommes pas parvenus. Malgré nos efforts, notre bonne volonté, le Grand Opéra est resté pour nous hermétique et nous a donné l’impression d’une chose monstrueuse, anormale, anti-naturelle, quelque soit d’ailleurs le talent indéniable d’un Meyerbeer.
Et il vaut mieux dès lors tenir compte la juste remarque d’un abonné du Grand-Théâtre : « On ne vient pas aux Huguenots pour la musique ; on y vient pour les voix », et, abandonnant toute discussion oiseuse, de porter simplement une appréciation non sur une œuvre que nous ne comprenons pas, et dont le sens et la portée nous échappent mais sur les artistes chargés de la défendre.
Je remarquerai pourtant la déception évidente du public nombreux qui assistait à la séance d’ouverture de la nouvelle saison. Et cette constatation n’est pas pour me déplaire car elle indique clairement le chemin parcouru depuis quelques années par les amateurs lyonnais, l’évolution relativement rapide du goût public qui se manifeste de façon éclatante lors des représentations wagnériennes et l’abandon progressif du vieil opéra par nos pères qui en furent pourtant les ardents défenseurs, toutes transformations des aspirations artistiques d’une ville que Edmond Locard sut noter ici même avec bonheur au cours de la saison dernière.
Il est vrai que l’interprétation de l’œuvre de Meyerbeer, œuvre qui en dépit de ses outrances orchestrales est écrite essentiellement pour faire valoir les voix isolées de la falcon, du ténor, de la basse, ou celles réunies des masses chorales, l’interprétation, dis-je, fut dans l’ensemble bien terne et souvent franchement médiocre.
M. Soubeyran, le fort ténor, a pour lui une bonne tenue scénique et l’habitude des planches, mais il manifeste, hélas ! par un accent redoutable qu’il n’est pas natif du beau pays de la Touraine et sa voix, en dehors de quelques notes élevées bien sonnantes, est sourde et d’un timbre peu agréable. M. Roselli (Nevers) est beau cavalier, d’élégante tournure et se sert avec goût d’une voix peu éclatante mais suffisante. La basse chantante Lequien (Saint-Bris) est bien médiocre et le farouche Marcel (M. Galinier) manque tout-à-fait d’ampleur dans le registre grave. Les second et troisième ténor, MM. Servais et Echenne, sont l’un très convenable, l’autre un peu ridicule selon la tradition.
Les artistes femmes ont été meilleures que leurs partenaires.
Le public a retrouvé avec plaisir la voix fraîche et si facile de Mlle Milcamps et