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M. Camille Saint-Saëns vient de terminer un nouvel opéra, intitulé Hélène et Paris.

Ce nouvel ouvrage met naturellement en scène l’héroïne de la guerre de Troie. C’est un opéra en un grand acte, divisé en trois tableaux, qui n’aura que trois personnages : Hélène, Pâris et Vénus, et qui sera exécuté pour la première fois au théâtre de Monte-Carlo, en février prochain.

Mme Melba, qui fait actuellement une tournée en Amérique, reviendra en janvier pour créer le rôle d’Hélène ; celui de Pâris sera tenu par Alvarez. Le rôle de Vénus n’est pas encore définitivement attribué.

Un festival en l’honneur de Saint-Saëns, auquel le Maître assistera, sera organisé le mois prochain à Genève. On y prépare des représentations d’Henri viii, de Samson et Dalila et de Phryné. Notre correspondant de Genève nous enverra la relation complète de ces fêtes musicales.

S’il faut en croire le Neues Wiener Tageblatt, M. Gustave Charpentier, installé depuis plusieurs mois à Vienne où il aurait vécu dans le plus strict incognito, y aurait achevé une partition nouvelle qu’il remettrait cet hiver à M. Mahler, directeur et chef d’orchestre de l’Opéra. Voilà bien du mystère !

Denique tandem ! Le maestro Léoncavallo, l’illustre auteur de Zaza a terminé son opéra Roland que lui avait commandé au début de son règne l’empereur Guillaume ii Du moins il a écrit au directeur de l’Opéra de Berlin qu’il lui enverrait sa partition bel et bien achevée le mois prochain. Déjà M. G. Drocsher s’occupe de traduire le livret en allemand. Si tout va bien, l’oeuvre passera en janvier.

Voici les projets de M. Gailhard pour la saison de l’Opéra.

La reprise d’Othello aura lieu très vraisemblablement vers la fin du mois d’octobre ; puis l’Étranger, de Vincent d’Indy, qui passera fin novembre. En même temps que l’Étranger, l’Enlèvement au Sérail, de Mozart ; enfin pour terminer la saison, viendra, en mars ou avril, le Fils de l’Étoile, l’opéra de M. Erlanger, livret de M. Catulle Mendès. C’est M. Alvarez qui créera le principal rôle du Fils de l’Étoile.

Mme Wagner vient d’aviser les frères Isola, directeurs du théâtre lyrique de la Gaité, qu’elle ne pouvait les autoriser à donner des représentations de l’Or du Rhin, malgré la belle distribution qu’ils lui avaient proposé.

Mme Wagner estime que l’Or du Rhin ne doit pas être joué sur une scène lyrique à côté, mais dans un théâtre régulier, et elle réserve l’autorisation à M. Gailhard, pour l’Opéra.

Voici la distribution qu’avaient soumise MM. Isola.

MM. Van Dyck (Loge) ; Renault (Alberich) ; Jérôme Vinche, Fournets ; Mmes Calvé, Litvinne, Bréma.


NÉCROLOGIE

M. Camille du Locle, qui s’était retiré depuis très longtemps à Capri, vient d’y mourir à l’âge de 71 ans. C’était un esprit fort original, dont le court passage à l’Opéra-Comique, en qualité de directeur, a laissé pourtant une trace, puisque ce fut sous son règne que fut donnée l’immortelle Carmen de Georges Bizet. Il allait volontiers de l’avant, comme on voit, car à son époque Carmen fut œuvre de nouveauté. Mais il avait peut-être trop le dédain du « répertoire » alors en pleine vogue et c’est ce qui hâta sa perte. C’est lui qui s’écria un jour avec un certain enthousiasme : « Enfin la Dame Blanche ne fait plus d’argent ! » Et ce fut dommage pour sa caisse. Mais il était vraiment un artiste d’un certain raffinement, et même un poète délicat. Il eut des prix à l’Académie Française et attacha son nom, comme librettiste, à des œuvres musicales de valeur. Citons Aida, Don Carlos, Sigurd, Salammbô, la Déesse et le Berger,la Fiancée de Corinthe. etc., etc. Dans sa longue retraite de Capri, où il cherchait l’oubli de toutes choses, il envoyait encore, de temps à autre, quelque sonnet bien tourné à son grand ami Reyer, qui s’empressait de le mettre en musique. Camille du Locle laissera le souvenir d’un galant homme, d’esprit très fin et très acéré.

Le Propriétaire-Gérant : Léon Vallas

Imp. Waltener & Cie, 3, rue Stella, Lyon.