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ensemble par des communications mystérieuses : cette observation n’est pas moins exacte que la première. C’est dans le domaine des idées que se préparent les époques paisibles ou troublées, honnêtes ou souillées, qui font leur avénement plus tard dans le monde par les politiques. Dites-moi ce que les hommes qui donnent l’impulsion aux idées auront mis dans la tête et dans le cœur d’une nation, je ne vous dirai point quelle forme prendront les événemens, c’est le secret de Dieu, mais je vous dirai dans quel sens ils iront un peu plus tard. La foudre frappe la terre, l’observateur la devine dans la nue. Sans se mêler en rien au mouvement des faits, en restant exclusivement dans le domaine des idées, les écrivains peuvent donc avoir une influence indirecte, mais réelle sur les destinées de la société où ils vivent. Certes, le maitre qui a formé l’esprit et le cœur de l’enfant n’a point dicté les actes que cet enfant accomplira lorsqu’il sera homme, et pourtant qui voudrait dire que les principes qu’on lui a enseignés, les sentimens qu’on a mis dans son cœur n’exerceront pas une action sur sa conduite ?

Il en est de même pour les peuples.

Quand vous voyez, dans une société, la philosophie, cette aspiration de l’esprit qui cherche à monter vers le ciel, s’unir, pour élever les âmes, à la religion, cette philosophie divine, transcendante, révélée, qui descend du ciel vers la terre afin de conduire l’homme jusqu’aux marches du trône de Dieu ; l’histoire impartiale et vraie éclairer le passé à la lumière de son flambeau tenu d’une main droite et ferme pour l’enseignement du présent, glorifier les vertus, condamner les crimes partout où ils se trouvent, et inspirer par ses récits le respect du principe d’autorité en même temps que le goût d’une liberté réglée ; la science élever les intelligences vers l’auteur de toute science ; la littérature cultiver et faire épanouir tous les sentimens généreux, ces nobles fleurs de l’âme, dont l’éclat réjouit les regards des hommes, et dont les parfums montent, comme un encens d’une agréable odeur, vers le ciel ; l’art chercher partout le beau, cette splendeur du vrai : alors ne craignez point pour cette nation, ses destinées seront hautes et belles ; elle pourra rencontrer des épreuves, mais elle les surmontera ; des périls, mais elle les regardera en face ; elle est armée pour la lutte, et sacrée, si l’on peut s’exprimer ainsi, pour la victoire. Un puissant esprit l’a dit : « Les nations ont toujours le gouvernement qu’elles mé-