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LITTÉRATURE.

PÉTRARQUE ET SON SIÈCLE.



Il paraîtra sans doute étrange que j’inaugure ma collaboration à une revue qui prend le titre de contemporaine par une histoire du quatorzième siècle. Mais les grands poètes sont contemporains de tous les âges et de tous les peuples, et le nom, les amours et les vers de Pétrarque, du second poète digne de ce titre qu’aient vu naître l’Italie et l’Europe moderne, feront longtemps l’entretien des hommes assez heureusement nés pour se distraire, par l’étude des lettres, des tristesses et des afflictions de leur temps. Comme le Dante, il vint au monde au milieu de ces guerres désastreuses qu’avait allumées la rivalité des empereurs et des papes. Née en Allemagne, entre les maisons de Souabe et de Bavière, la querelle des Guelfes et des Gibelins fut augmentée par l’intervention de la cour de Rome, qui, après avoir couronné par la main de ses légats un prince de Souabe, devint fatalement l’ennemie de cette maison, par cela seul qu’elle se maintenait en possession de l’empire et qu’elle en soutenait les droits contre les prétentions des souverains pontifes. Cette guerre civile fut transportée en Italie par l’irruption de Frédéric Barberousse, le plus illustre des empereurs de cette famille ; et les Italiens, qui avaient déjà la triste habitude de s’égorger pour des intérêts qui n’étaient pas les leurs, se divisèrent sous deux noms allemands, dont ils ignoraient peut-être l’origine. Les Gibelins, partisans de l’empereur, prirent leur nom du