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V.

Le lendemain, aussitôt qu’il fut levé, Paul se rendit chez Burichon.

L’appartement que celui-ci occupait dans la rue Coquenard était littéralement encombré de tableaux vieux et modernes. Il y en avait sur les murailles, il y en avait au plafond, à droite, à gauche, sur les meubles, sous les meubles et même par terre. On pénétrait à grand peine dans l’antichambre entre deux lignes de cadres dédorés ; de là on passait au salon, qui présentait l’aspect le plus étrange ; faute d’espace pour les suspendre on avait dressé les toiles les unes contre les autres, comme des livres dans les rayons d’une bibliothèque ; au plafond étaient attachées des cordes qui soutenaient une espèce de treillis en bois sur lequel d’autres toiles étaient empilées, si bien qu’il eût été impossible à un homme de grande taille de se tenir debout. De meubles, on n’en voyait pas, sauf une chaise sur laquelle Burichon faisait asseoir ceux qui venaient le visiter.

La chambre à coucher était disposée de la même manière, et toutefois c’était, à cause du lit qui pouvait servir de siége à deux personnes au moins, la pièce la plus habitable de l’appartement.

Ce fut là que Burichon introduisi : Paul ; c’était là aussi qu’il retirait ses plus précieux morceaux.

En entrant dans ce sanctuaire du bric-à-brac, notre jeune amateur avait été saisi à la gorge par un parfum de vieilles toiles qui le fit tressaillir d’aise ; mais, hélas ! il eut bientôt la douleur de constater que si l’encens brûlait sur ces autels, le dieu était absent.

— Je vous ai prié de venir me voir, dit le petit vieillard, afin de vous initier à tous les secrets de notre belle profession. Vous ne ferez