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substance, ou le panthéisme ; et l’hypothèse que tout soit sorti de l’énergie, du mouvement, des combinaisons fortuites de la matière, ou le matérialisme.

Saint Ambroise dit aussi : Combien est admirable l’ordre de ce récit : Moïse commence par établir en principe la grande vérité que les hommes avaient déjà commencé à nier ; il leur fait connaître la véritable origine du monde, afin que les hommes ne puissent penser que le monde n’ait pas eu d’origine. Mais en nous indiquant le commencement du monde, Moïse nous indique aussi le commencement de la matière, la forme d’où est sortie toute créature du monde ; et par là il a prévenu l’erreur de croire la matière incréée, égale, coéternelle et consorte de la substance divine.

Mais il ne faut pas s’étonner que Moise ait ainsi raconté la Création. Ce n’est pas, dit le même docteur, à la suite de recherches et de dé- monstrations de la raison humaine ; ce n’est pas pour s’être repu des vains et faux principes de la philosophie ; mais c’est rempli de la grande idée que Dieu lui-même avait donnée à son historien de son esprit et de sa puissance, et comme le témoin oculaire, en quelque sorte, de l’opération divine, que Moïse a prononcé cette grande parole : « Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. »

Mais tâchons de pénétrer, autant que possible, dans le sens de ces mots divins, dont chacun pourrait fournir le sujet d’un livre, de plusieurs livres même et de la contemplation et de l’extase de toute la vie de l’homme.

« Au commencement, c’est-à-dire avant tout commencement, avant tout ordre de principes, avant toute série de faits, avant toute existence de choses ; lorsque rien n’avait encore commencé, lorsque rien n’avait eu aucun commencement, lorsque le tout était à commencer.

« Au commencement, » c’est-à-dire lorsque le tout n’était que possible et rien n’était en acte ; lorsque le tout n’était qu’à l’état d’idée, de pensée, de dessein intérieur dans l’intelligence infinie, et rien encore n’était un phénomène extérieur, un fait accompli, une réalité physique ; lorsque rien n’était ni sensible, ni matériel, ni concret ; lorsque tout allait commencer, allait exister, allait être fait ; lorsque rien n’était encore, excepté Dieu, rien n’ayant encore été fait, rien n’ayant commencé de ce qui commence : Dieu n’ayant pas de commencement.

« Au commencement, » c’est-à-dire que c’est de cet instant que Dieu se plait à réaliser le décret, arrêté de toute éternité, de commencer le monde et de créer une série d’opérations ad extra, n’ayant, de toute éternité, opéré toujours qu’ad intra, en lui-même, par la génération éternelle d’une parole infinie, par l’éternelle production d’un infini amour, et que c’est de cet instant qu’il a commencé à former des créatures, en les faisant causes diverses à leur tour, causes secondes, causes finies, tout en restant lui-même cause unique, cause première et cause infinie ; et en imprimant sur elles, par voie de ressemblance ou par voie de vestige, le cachet, les armoiries et l’image de son être et de sa manière d’être, de l’unité de sa nature, de la tri-