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qu’elle dérive vers l’erreur, elle leur prête je ne sais quelle puissance communicative. On le vit bien, dans le dernier siècle, quand elle emprunta à l’Angleterre les théories et les doctrines de ses libres penseurs, qui, circonscrites jusque-là dans leur île, reçurent une force d’expansion inimaginable, lorsque ce lingot britannique eut été monnayé par les ouvriers intellectuels de notre pays. C’est sous une forme française que ces idées d’origine anglaise se répandirent dans toute l’Europe. Aiguisées par nos philosophes, nos poètes, nos écrivains dans tous les genres, et chargées de je ne sais quelle électricité intellectuelle que recèle le génie français, elles ébranlèrent sur leur passage tout ce qu’elles ne renversèrent pas. Quand la France n’apparaît pas dans l’histoire sous les traits d’un soldat, elle se montre sous les traits d’un missionnaire, et dans la philosophie, dans les lettres, dans les arts, elle exerce une influence toute puissante pour le bien, comme elle a pu l’être quelquefois pour le mal.

C’est pour cela qu’il importe tant que le spiritualisme chrétien vienne rafraîchir et vivifier en France de sa pure haleine toutes les sources des idées. La philosophie, la littérature et l’art n’éprouveront point chez nous cette salutaire influence sans l’étendre au dehors, et, de même que la facilité et la rapidité des communications ont détruit les cordons sanitaires qui arrêtaient jadis la contagion des erreurs, la diffusion de la vérité, qu’on pourrait appeler la santé intellectuelle des âmes, ne rencontrera désormais plus d’obstacles. Ce n’est donc point seulement une question de civilisation française, c’est une question de civilisation européenne. Aussi bien, nous l’avons dit, dans les temps où nous vivons, tout ce qui est particulier s’efface, tout aspire à se généraliser, à s’étendre, et la philosophie française, la littérature française, l’art français, vivifiés par le spiritualisme chrétien, trouveraient toutes les voies ouvertes devant eux. Pour ce qui retentit en France, tous les échos européens sont sonores.

Il est donc raisonnable et utile d’aider ceux qui marchent dans ce sens à unir leurs efforts pour leur donner plus d’efficacité, et d’appeler à concourir à la même action intellectuelle de nouveaux auxiliaires. C’est mettre la philosophie, la littérature et l’art en France sur leur véritable chemin, et c’est mettre, par conséquent, la France dans la grande voie où elle devient le phare du monde. Hélas ! quand elle éteint sa lumière, la nuit se fait autour d’elle ; mais quand elle s’illumine de nouvelles clar-