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Le croirez-vous, Monsieur ? Dans cet excès d’honneur qu’on veut me faire, je rencontre et j’éprouve une légère humiliation à laquelle mon amour-propre d’auteur est beaucoup plus sensible. Quoi donc, me suis-je dit péniblement à moi-même, cette gloire si peu méritée qu’on essaie de faire ressortir en ma faveur de mes nouveaux écrits ne démontre-t-elle pas que mes premiers ouvrages sont médiocrement connus, et l’erreur qu’on répète, virtuellement réfutée à chaque ligne de ma véridique narration, subsisterait-elle encore, pour peu qu’on les eût feuilletés ?

Quoi qu’il en soit de mes petites amertumes littéraires, afin de ne laisser aucune équivoque en un tel sujet, je vous adresse un rapport inédit de M. le comte de Forbin, directeur général des Musées, sur la Vénus de Milo, et vous prie de le faire connaître à vos lecteurs.

J’ajoute seulement qu’à la suite d’un second rapport de M. le comte de Forbin sur l’inefficacité des restaurations essayées, et en raison de toutes les conjectures aussi multipliées que peu satisfaisantes dont la statue fut l’objet, le roi Louis XVIII décida qu’elle resterait dans l’état de mutilation où on la voit aujourd’hui, et voulut que nul ciseau auxiliaire ne vint désormais attenter à sa beauté.

Note de M. le comte de Forbin, directeur général des Musées de France, membre de l’Institut, préparée pour l’Académie des inscriptions et belles-lettres.

Paris, le 24 décembre 1822.

Dès l’entrée au Louvre de la Vénus de Milo, je me suis activement occupé de réunir toutes les notions qui pouvaient aider à retracer son origine, à fixer sa dénomination, à faire deviner son auteur, son siècle, sa pose, enfin à constater toutes les circonstances de sa découverte.

Pour cet objet, je sollicitai du ministre des affaires étrangères la communication de tous les documents qui pouvaient lui être parvenus concernant la statue.

J’en reçus aussitôt des extraits de la correspondance des consuls de l’Archipel, le rapport que M. le vicomte de Marcellus, secrétaire d’ambassade à Constantinople, y avait fait passer après son succès dans l’ile de Milo, et la note détaillée que, dès son retour à Paris, ce jeune diplomate avait transmise à la fois au département des affaires étrangères, auquel il appartenait, et au ministère de la maison du roi, auquel la statue venait d’être remise. Mais comme plusieurs prétendants réclamaient une part dans l’honneur de la découverte, je pensai que je ne pouvais mieux faire, pour dissiper tous les doutes, que de recourir sur les lieux au Nestor des antiquaires orientaux. J’ai donc adressé à M. Fauvel la note de M. de Marcellus, pour en obtenir la suite et des informations complémentaires.

Voici ce que notre vieux et expérimenté consul à Athènes m’a répondu :