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— Oui, mais si dès le premier jour vous vous brouillez avec mon père !…

— Pourquoi veut-il que j’admire toutes les platitudes de son école ?

— Au moins vous pourriez ménager ses affections, et garder le silence ?

— Que voulez-vous, ma chère cousine, j’ai fait tous mes efforts pour cela ; mais, à la fin, la bombe a fait explosion.

— Si je vous en priais bien fort, me promettriez-vous plus de patience à l’avenir ?

Le jeune homme sembla hésiter.

— Je vous en prie, continua la jeune fille, d’un ton calin ; faites-le pour moi, je vous en serai bien reconnaissante.

Paul regarda le joli visage de sa cousine appuyé sur son bras ; il était trop artiste pour ne point être frappé de sa beauté. Cette voix pénétrante et douce, ce regard fin et caressant triomphèrent des dernières hésitations. Paul s’engagea à tout ; et le frais sourire de Pauline lui paya les arrhes de la reconnaissance promise.

Ils descendirent au salon et y retrouvèrent M. Guerville, à qui sa fille persuada aisément tout ce qu’elle voulut, sur un prétendu aveu que Paul aurait fait de ses torts à l’égard de l’illustre David. Le jeune homme, entendant cette manière de le justifier, allait intervenir et rectifier les faits, c’est-à-dire envenimer les choses au point de les rendre irrémédiables ; mais la jeune fille s’empressa de lui clore la bouche avec sa petite main blanche. L’oncle et le neveu restèrent donc jusqu’au soir les meilleurs amis du monde. On s’occupa exclusivement du présent et de l’avenir du jeune Dubiez ; il fut convenu qu’il habiterait une petite chambre dans le voisinage en attendant que son pinceau pût augmenter la modique pension paternelle, et qu’il viendrait chaque jour chez son oncle prendre les aliments du corps et de l’intelligence.

La passion qu’il nourrissait dans son cœur pour l’école de David, n’empêchait pas M. Guerville d’être un excellent homme ; et Paul, de son côté, avait l’âme ouverte à tous les bons sentiments. Son culte pour les Hollandais et les Flamands n’avait en aucune façon affaibli les forces affectives de son âme ; en sorte que, dès ce jour-là, il se noua entre l’oncle et le neveu des liens de sympathie réciproque dont la suite de cette histoire nous montrera la solidité.

La jolie fille de l’académicien fut-elle complétement étrangère à ces heureux arrangements, à ces échanges affectueux, nous n’oserions prendre sur nous de l’affirmer, et nous laisserons à la sagacité de nos lecteurs le soin de décider la question.

II.

Paul montra, dans les premiers jours, une déférence, nous allions dire une complaisance, — pour les conseils et les théories de son oncle, qui fit le bonheur du respectable élève de David. Il copia avec une