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— Ah ! monsieur est le neveu de M. Guerville ? fit la servante. C’est donc lui que mademoiselle Pauline attendait avec tant d’impatience !

— C’est probable ; et mon oncle ?

— M. Guerville est sorti, mais mademoiselle Pauline est là.

— Diable ! c’est dommage ; j’aurais pourtant bien voulu le trouver en arrivant, murmura Paul d’un air embarrassé.

— Mais, puisque je vous dis que mademoiselle Pauline est à la maison, c’est la même chose ; elle sera si heureuse de vous voir !

Pendant ce dialogue le cocher arriva portant la valise, la déposa sur les marches du perron et attendit.

L’embarras du jeune homme augmentait à chaque instant.

— Entrez donc, reprit la servante.

Paul allait franchir le seuil lorsque la voix du cocher l’arrêta.

— Monsieur, vous oubliez de me payer ma course, dit celui-ci.

— Ah ! c’est juste.

Et Paul se mit à fouiller dans toutes ses poches ; le vide était parfait. Heureusement deux beaux yeux bleus faisaient le guet derrière les lames d’une persienne.

Une charmante jeune fille s’élança sur le perron.

— Catherine, payez le cocher, dit-elle. Puis s’adressant au jeune homme : Eh bien ! mon cousin, c’est comme cela que vous me dites bonjour ?

Paul leva les yeux sur Pauline. C’était une fort jolie blonde d’environ dix-huit ans, d’une taille souple et élancée, d’une grâce parfaite et du visage le plus doux qu’il soit possible d’imaginer. Le jeune homme parut satisfait de son rapide examen, et s’approchant de la jeune fille avec une gaucherie qui n’était pas dépourvue d’élégance :

— Pardon, ma cousine, dit-il, je ne vous avais pas aperçue ; permettez que je vous embrasse.

Pauline tendit ses deux joues fraîches comme des boutons de rose aux lèvres de son cousin, et baissa la tête en rougissant.

— Mon oncle va bien ? poursuivit Paul sans prendre garde à l’émotion qu’il avait produite. Où donc est-il allé par cette chaleur ?

— Il est allé à une vente de tableaux. Entrez, il va revenir tout à l’heure ; venez vous reposer ; vous devez être si fatigué !

— Une vente de tableaux, dites-vous, ma cousine ; une belle vente sans doute ; mon Dieu, que je voudrais y être !

— Vous êtes bien aimable, mon cousin ; ce sont les dames de Caen qui vous ont donné des leçons de galanterie ?

L’épigramme glissa sur le jeune homme sans l’effleurer.

— Savez-vous, continua-t-il, si ce sont des tableaux anciens et de quelle école ?

— Non, mon cousin, je n’en sais rien et je n’ai pas envie de le savoir. Si vous n’avez rien de plus gracieux à me dire, je vais me retirer.

— Comment, ma cousine, vous, la fille d’un peintre illustre, d’un membre de l’Académie des Beaux-Arts, du meilleur élève de David, vous restez étrangère et insouciante au mouvement des arts !