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doute, répondis-je ; mais comme chacun ici est habitué à nous voir, on s’étonnerait si nous paraissions trop soigneuses de notre extérieur. Comment un tel palais peut-il avoir une porte si étroite qu’une voiture n’y peut passer ! Je vais bien me moquer du daïjinn, quand je le verrai. » Un instant après, il entra, portant un encrier et ce qu’il faut pour écrire. « Voilà, lui dis-je, qui est bien mal. Pourquoi donc votre habitation a-t-elle une porte si petite ? — Ma maison, répondit-il avec un sourire, est appropriée à ma condition. — Et pourtant, j’ai entendu parler de quelqu’un qui avait une porte très haute. — C’est effrayant ! s’écria-t-il, étonné. Vous voulez parler de Ou Téikokou[1]. Mais il n’y a que les vieux savants qui soient au courant de ces choses-là ! Bar fortune, comme je me suis hasardé dans oette voie d’études, je puis comprendre votre allusion. — Votre voie n’est vraiment pas fameuse ! Votre chemin de nattes a fait tomber tout le monde, et c’était un beau désordre ! — Comme il pleuvait, le chemin ne deyait pas être bon. Mais allez-vous encore m’embarrasser ?… » Et il s’en alla. « Quelle affaire dit l’Impératrice. Narimaça était tout intimidé ! — Oh ! ce n’est rien ! Je lui disais seulement comment notre voiture n’avait pu entrer. » Sur ce, je me retirai.

Viennent ensuite d’autres anecdotes, un peu lestes, où le pauvre Narimaça est pareillement raillé par la terrible dame d’honneur. Puis, elle nous raeonte avec esprit l’histoire du chien Okinamaro, qui, pour avoir attaqué Miyobou no Omoto, l’auguste chatte d’honneur dont Sa Majesté avait fait une dignitaire du cinquième rang, fut l’objet d’un décret de bannissement à Tile des Chiens, mais revint un jour au Palais et obtint sa grâce par des larmes de repentir auxquelles, plus tard, Sei Shôna’gon ne pensait jamais sans avoir envie de pleurer elle-même. Après quoi, elle reprend le cours de ses impressions, en se. demandant soudain quel est l’état du temps qui convient aux « cinq fêtes[2] » :

  1. Personnage chinois qui avait fait faire l’entrée de sa demeure plus grande qu’il ne fallait pour ses besoins personnels, en prévision du jour où ses descendants auraient une situation moins modeste que la sienne.
  2. Go-sekkou. Ce sont les vieilles fêtes populaires, que les nouvelles fêtes officielles n’ont pas encore supplantées entièrement.