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VII

— Une fête électorale. —


Nous n’avions pas revu M. Bernard ; il revint dans le département après plusieurs mois d’absence pour faire ce qu’on appelle une tournée électorale. Il nous rendait visite une après-midi ; il portait à sa boutonnière le ruban tout neuf de la Légion d’honneur. Ma grand’mère le complimenta ; pour moi, je me demandais ce que cette décoration ajoutait à ses mérites. Il me sembla, comme la première fois, d’une médiocrité pleine d’assurance, et quand il fut sorti, je dis à ma grand’mère :

— M. Bernard vous paraît-il capable d’une de ces actions d’éclat pour lesquelles la croix d’honneur devrait être réservée ?

Ma grand’mère sourit.

— Je vois bien qu’il ne te séduit point ; mais sois juste pourtant, c’est un homme d’un vrai mérite. Tous les hommes ne sont pas appelés à ces destinées brillantes qui frappent ton imagination : les poëtes, les guerriers célèbres sont des exceptions ; mais il est des gloires plus