Page:Revoil - Ces petits messieurs.pdf/94

Cette page a été validée par deux contributeurs.
83
DANAË MALE.

sous. On ne peut arriver en habit râpé chez une élégante qu’on convoite ; il faut des gilets neufs, des cravates fraîches, des bottes et des gants irréprochables.

À l’époque où Élie atteignait la quarantaine, la mode était aux gants paille. Un dandy, fût-il émérite, en portait même en plein jour, ce qui signifiait deux paires de gants quotidiennes : une paire pour les visites de l’après-midi, et une autre paire (au moins) pour le soir. Au prix que coûtaient les gants Jouvin, c’était grave. Aussi personne ne fut étonné qu’Élie, qui caracolait depuis vingt ans dans les salons, dût un compte de trente mille francs au fameux gantier. Cette somme paraît énorme à qui l’additionne légèrement ; mais un calculateur exact l’eût déclarée insuffisante, car il s’agissait d’un total de douze à quatorze mille paires de gants à quatre francs la paire.