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n’avait jamais été mariée, dépassait de cinq ans la trentaine.

Assidues, laborieuses, possédant un pinceau vigoureux, elles étaient arrivées à force de zèle à reproduire les chefs-d’œuvre des maîtres d’une façon assez remarquable. Elles devaient à ce labeur une sorte de bien-être ; leur toilette était toujours fraîche et seyante, leur intérieur élégant mais vide d’émotions ; elles y rêvaient un de ces tourmenteurs de la femme, être toujours désiré, attendu et choyé par elle, bien qu’il leur apporte la douleur.

Le Polonais s’était renseigné sur la situation des deux gracieuses artistes ; il les trouva de bonne prise et dressa aussitôt ses batteries. Faire coup double lui parut une idée magistrale. Les deux femmes ne travaillaient pas dans la même salle. La veuve copiait un Murillo, la vieille fille un Raphaël. Il lia connaissance avec elles en leur