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esquissait leurs portraits où elles ne se reconnaissaient jamais. Coureur de coulisses, il ne put y réussir parce qu’il était pauvre ; il se retrancha dans les salons et dans les ateliers ; il se faisait entendre dans les concerts privés et, sous prétexte de faire des copies, qui n’arrivaient pas même à l’état d’ébauche, il s’installait ou plutôt se promenait chaque jour dans les galeries du Louvre.

Sa mise attirait les regards ; il portait en toute saison un gilet blanc, des cravates de couleurs tendres, et une fleur à sa boutonnière. C’était en somme ce qu’on appelle un bellâtre ; sa tête régulière n’avait aucune physionomie.

Deux femmes artistes venaient chaque jour peindre au Louvre à l’époque où il s’y pavanait. Leur distinction et leur maintien décent les faisaient remarquer ; elles étaient encore belles, mais d’une beauté touchant à sa fin. L’une, veuve et sans enfants, avait quarante ans ; l’autre, qui