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savoure au café le verre d’absinthe qui le mettra en appétit.

Quelques mois après la Révolution de février, j’allai un jour d’été faire une visite à Auteuil à une maîtresse de musique. C’était une courageuse femme à qui j’avais procuré quelques leçons.

Je la trouvai toute en larmes dans l’étroit jardin du petit chalet qu’elle avait loué pour la saison. Je savais sa faiblesse pour un joueur de violon sans emploi ; je devinai qu’il était la cause de son chagrin ; elle me fit l’aveu d’une action infâme qu’il avait commise ; trois jours s’étaient passés depuis qu’il était venu pour la dernière fois déjeuner avec elle. La veille, elle avait reçu un billet de cinq cents francs, prix d’un mois de leçons données à deux jeunes Anglaises : c’était tout ce qu’elle possédait, car, le jour précédent, son dernier écu avait été emporté par le violoniste.

Lorsqu’elle voulut, ce matin-là, payer les dépen-