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exerce souvent, il finit par attirer leurs regards.

Même en présence de sa bienfaitrice du moment qui seule soutient son fragile édifice, il use de ce manège irréfrénable. Assis près d’elle à la promenade ou au spectacle, tandis qu’elle s’alarme de son air distrait, il est en quête de femmes qu’il ne connaît point. Non qu’il soit dégoûté de sa servitude actuelle, mais il rêve une livrée plus brillante, une domesticité ascendante. C’est un chien coureur toujours en haleine. S’il est tenu en laisse par une bourgeoise, il prétend au joug d’une marquise ; si la marquise se l’attache, il aspire aux chaînes d’une princesse ; l’Altesse le pousse vers les Majestés ; au temps de l’Olympe, il aurait pourchassé les déesses.

Tant qu’il cherche et qu’il n’a pas trouvé, il ménage le lien qu’il veut rompre ; mais, sitôt que son rêve nouveau prend un corps, qu’il est cer-