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D I A L O G V EI.

& conſeruation du Royaume, ſans enuoyer leurs gẽs à vn cõmun & reciproque rauage. Mais quoy ? nous n’oſions mot ſonner, ny en dire ce que nous penſions : & d’autre part l’ambaſ‍ſadeur du Roy vers les Suyſ‍ſes, monſieur Belieure, leur donnoit à entendre, que le prince de Condé vouloit faire tuer le Roy, & ſe faire Roy luy-meſme : tellemẽt que les Colonels des Suyſ‍ſes, faiſant ſemblant de le croire, pour les penſions, gages, & profits qui leur en reuenoyent : au lieu d’y mettre la paix, y voyoyent volontiers la guerre.
L’hiſ‍t.
Tant y a, les choſes eſ‍tãs és termes que i’ay dic‍t, le prince de Condé voyant que c’eſ‍toit à bõ eſcient & à deſcouuert, & non plus par ieu & en cachettes, qu’on en vouloit à luy & aux Huguenots de la France : en ayant aſ‍ſemblé vne bonne troupe, s’en vint pres de Paris, où le Roy s’en eſ‍toit allé, pour entendre encore plus au vray le deſ‍ſein de leurs ennemis : mais luy eſ‍tant reſpondu à coups de canon, & couru ſus luy à grand force, apres s’eſ‍tre vaillamment defendu, ſe retira & les Huguenots qui l’accompagnoyent, pour leur ſeurete & conſeruation, dans quelques villes du Royaume. Quand les Princes proteſ‍tans d’Allemagne ouyrent ces nouuelles, ſentans toucher à eux, ce qui touchoit aux François de leur religiõ, & marris de ce qu’õ les traittoit ainſi à la rigueur, enuoyerent au prince de Condé & aux Huguenots François pour leur aide & defenſe, vn braue & puiſ‍ſant ſecours de Reyſ‍tres & Lanſquenets, ſous la conduite du duc Iean Caſimir, fils du

comte Palatin. Apres l’arriuee duquel, la Royne

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