Les vns, ont touſiours deuant les yeux le bon
heur de la vie paſſ ee, l'attente de pareil aiſe à l'auenir,
il ne leur ſouuient pas tant de ce qu'ils endurent
ce peu de temps que dure vne bataille,
comme de ce qu’il cõuiendra à iamais endurer à
eux, à leurs enfans, & à toute leur poſt erité.
Les aurres n’ont rien qui les enhardiſſ e, qu'vne
petite pointe de leur conuoitiſe, qui ſe rebouche
ſoudain cõtre le dãger, & qui ne peut eſt re ſi
ardẽte, qu'elle ne ſe doiue (ce ſemble) eſt eindre
par la moindre goutte de ſang, qui ſorte de leurs
playes.
Aux batailles tant renommees de Milciades,
& de Themiſt ocles, qui ont eſt é donnees deux
mille ans y a, & viuent encore auiourdhuy, auſſ i
freſches en la memoire des liures, & des hõmes,
comme ſi c’euſt eſt é l'autr'hier, qui furent donnees
en Grece, pour le biẽ de Grece, & pour l'exemple
de tout le mõde, & qu'eſt -ce qu’on penſe
qui donna à ſi petit nombre de gens, comme eſt oyent
les Grecs, non le pouuoir, mais le cœur
de ſouſt enir la force de tant de nauires, que la
mer meſmes en eſt ait chargee, de deffaire tãt de
nations, qui eſt oyent en ſi grand nombre, que l’eſcadron
des Grecs, n'euſt pas fourny ſeulement
de Capitaines aux armees des ennemis : ſinon
qu'il ſemble que ces glorieux iours-là, ce n'eſt oit
pas tant la bataille des Grecs contre les Perſes,
cõme la vict oire de la liberté, ſur la domination,
de la franchiſe, ſur la conuoitiſe.
C’eſt choſe eſt range, d'ouyr parler de la vaillance
que la liberté met dans le cœur de ceux qui